Qualifier Tina Turner de légende relève de l’euphémisme. Après Stevie Nicks, elle est la deuxième femme à avoir été intronisée deux fois au Temple de la renommée du rock & roll. Née dans le Tennessee en 1939, elle a eu une vie mouvementée, du genre dont on fait des films (ce qui arrivera : Angela Bassett a l’honneur de l’incarner dans le film biographique What’s Love Got to Do With It [Peu importe l’amour] en 1993). La chanteuse fait ses débuts à la fin des années 50 avec Ike Turner, qui devient son partenaire artistique, puis son mari, avant de se transformer en tortionnaire. Si le duo se présente comme Ike & Tina Turner, c’est elle qui attire l’attention avec ses costumes éclatants et son énergie débridée, qui électrise ses interprétations de « River Deep, Mountain High » (1966) et « Proud Mary » (1971). Elle est clairement destinée à une carrière solo, mais lorsqu’elle s’émancipe de l’emprise de son mari en 1976, elle vit des années difficiles, lançant quelques albums oubliables et réapprenant son métier dans les cabarets. Sa renaissance survient en 1984, quand elle revient dans la lumière à l’âge de 45 ans avec Private Dancer, le plus grand succès de son parcours. Elle profite de sa célébrité retrouvée, chantant en duo avec les plus grands (David Bowie, Mick Jagger, Bryan Adams) et tenant un rôle dans Mad Max: Beyond Thunderdome [Mad Max au-delà du dôme du tonnerre], pour lequel elle enregistre « We Don’t Need Another Hero ». Si elle ne connaît jamais le même succès qu’à ses débuts, elle continue de faire des albums jusqu’en 2019 et d’apparaître sur scène, où elle déploie toujours son magnétisme inégalé.