Considérée à juste titre comme la marraine de toutes les autrices-compositrices-interprètes folk depuis le début des années 70, Joni Mitchell (née Roberta Joan Anderson en 1943 à Fort McLeod, en Alberta) n’est pas qu’une des plus grandes artistes féminines de sa génération. Son talent singulier, sa sensibilité poétique et sa capacité à se réinventer sans cesse ont fait d’elle une véritable légende. À ses débuts, ce sont d’autres chanteur·euses qui popularisent ses morceaux (Judy Collins avec « Both Sides Now », Crosby, Stills & Nash avec « Woodstock »). Puis, elle impose sa voix agile et son audace mélodique dans une série d’albums pop folk incontournables, culminant avec un des plus grands projets intimistes de tous les temps, le brillant et intemporel Blue (1972). Refusant de s’asseoir sur ses lauriers d’héroïne folk, Joni intègre de plus en plus d’influences jazz dès la sortie de Court and Spark (1974) et collabore avec des virtuoses comme Jaco Pastorius. Au fil des ans, elle signe des œuvres souvent inclassables et parfois difficiles d’approche. Elle abandonne la scène au début du nouveau millénaire et est victime en 2015 d’une rupture d’anévrisme qui la prive de l’usage de la parole, ce qui laisse croire à la fin de sa carrière. Contre toute attente, épaulée par Brandi Carlile et un groupe de fans de tous horizons (de Wynonna Judd à Marcus Mumford), elle effectue un retour triomphal lors du festival folk de Newport en 2022, prouvant hors de tout doute que son talent transcende les époques.