Without People

Without People

Le titre du septième album de Donovan Woods ne pourrait être plus à propos en cette année qui aura été définie par l’absence et le confinement induits par la COVID-19. Mais comme l’explique l’auteur-compositeur-interprète torontois, il était déjà au courant des effets exaspérants engendrés par trop de temps passé à l’intérieur avec les membres de notre famille bien avant que la pandémie force tout le monde à s’enfermer. « Without People était sur ma liste de titres pour un album avant que tout ça arrive », explique-t-il à Apple Music. « J’ai vu un vieux bouquin intitulé A Country Without People et je l’ai pris en photo parce que je trouvais les mots “without people” très lourds de sens : j’ai plusieurs enfants et j’aurais tellement envie d’être seul! Mais quand je suis seul, je me sens désespérément isolé, coupable et irresponsable. J’ai l’impression qu’être un adulte veut dire qu’on ne peut jamais être heureux! » En fin de compte, cette dichotomie entre indépendance et intimité est devenue le fil d’Ariane de la création de ce nouvel album. Woods et son équipe ont profité d’une seule journée productive en studio, en mars 2020, avant que la pandémie ne mette un frein à tout, et il a dû terminer ce projet à distance, ce qui n’est pas une mince affaire quand on sait que Without People est l’effort le plus collaboratif qu’il ait jamais produit. Woods arrondit depuis longtemps sa carrière solo avec des collaborations créatives professionnelles pour des vedettes country comme Tim McGraw et Charles Kelley de Lady A, mais pour Without People, il a adopté une approche plus typique de Nashville en ce qui concerne ses propres créations, en faisant appel à des collaborateurs comme Ed Robertson des Barenaked Ladies, Ashley Monroe, Thomas Finchum, Katie Pruitt et le chanteur soul britannique Rhys Lewis. Afin de se débarrasser de ses « mauvaises habitudes indie » et se donner un style de chant plus assuré, il a fait appel à Todd Clark, un expert en production vocale qui a récemment collaboré sur Future Nostalgia de Dua Lipa, en plus de travailler avec son producteur de longue date Jamie Bunton. « J’entretenais la notion un peu puérile que Justin Vernon passait un peu de temps dans un chalet pour en ressortir avec un chef-d’œuvre », avoue Woods. « Mais maintenant, j’ai mis ça de côté ‒ je ramasse les chansons que je préfère, peu importe qui les a écrites. Todd existe dans la sphère pop et j’étais réellement renversé par la façon dont il aborde les voix ‒ il les veut claires, puissantes et bien articulées, et il m’a forcé à enregistrer prise après prise après prise jusqu’à ce que ce soit parfait. » Malgré toutes ces interventions par des professionnels du studio d’enregistrement, Without People est un album de Donovan Woods aussi authentique que le logo de son visage barbu coiffé d’une casquette de baseball qui en orne la pochette. Sincère, mais jamais faussement sentimental, Woods a un talent unique pour exprimer des thèmes universels d’un angle personnel. Sur la pièce « Man Made Lake », très près d’une comptine, le lac fabriqué de toutes pièces est une métaphore de la prise de conscience que nos pères ne sont pas les forces de la nature que l’on croyait dans notre enfance, tandis que « Grew Apart », avec ses envolées d’instruments à cordes, est une chanson de rupture qui se concentre sur les excuses derrières lesquelles les hommes se cachent pour éviter de montrer leur vulnérabilité ‒ « I won’t tell them how you broke my heart », chante-t-il, « I just tell them that we grew apart » (librement : « Je ne leur dirai pas que tu m’as brisé le cœur, juste que nous avons pris des chemins différents ») ‒, et juste au moment où il trouve de nouvelles façons d’aborder des dilemmes séculaires, il élargit également sa palette sonore typique d’un auteur-compositeur-interprète acoustique sans pour autant perdre de vue son approche intimiste. Without People a beau parler le langage des cafés branchés, ce projet demeure indéniablement contemporain grâce à des pièces comme « We Used To» qui proposent une rythmique et des atmosphères synthétiques rappelant une parenté avec la pop moderne. « Tous les artistes folk que je connais disent constamment qu’ils essaient de construire une rythmique viscérale et authentique », affirme-t-il. « Mais je crois qu’on y est vraiment arrivés avec celle-là : c’est une chanson d’auteur-compositeur-interprète folk sur laquelle on peut vraiment se déhancher! Ce qui m’irrite le plus, c’est le folk anachronique interprété par des gars qui portent des bretelles et un chapeau, qui jouent du banjo et qui miment une vieille chanson du répertoire folk qui parle de se coucher au fond d’une rivière. Je veux m’assurer que ma musique est bien ancrée dans son époque. »

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