Au milieu de 2020, Alex O’Connor a ressenti le besoin d’aller prendre l’air. L’artiste connu sous le nom de scène Rex Orange County en avait assez de la claustrophobie et des frustrations engendrées par le confinement. Aussitôt que les assouplissements l’ont permis, il a sauté dans sa voiture avec un ami en direction d’Amsterdam dans le but de passer quelques jours à fumer en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète néerlandais Benny Sings. Comme ce fut le cas pour « Loving Is Easy », le simple qui a lancé Rex en 2017, les deux artistes ont créé de la musique, et le résultat final est la chaleureuse chanson pop « KEEP IT UP ». « Elle est très probablement inspirée par le fait que je ne me sentais pas très bien et que je n’avais vraiment plus de jus », raconte O’Connor à Apple Music. « J’avais le goût d’écrire quelque chose de motivant et d’encourageant. » L’expérience a été si rafraîchissante qu’il y est retourné quelque temps plus tard et il a passé dix jours à finaliser le reste de son quatrième album en compagnie de Benny Sings, qui a agi à titre de coproducteur. « Sa productivité est incroyable, s’émerveille O’Connor. Chaque jour, il arrive avec quatre ou cinq idées. Ses choix d’accords, ses choix d’instruments, ses voix, ses mélodies : j’aime juste tout ce qu’il fait. On a été coulés dans le même moule. » Leur collaboration a débouché sur un bouquet de chansons où sont amplifiées les envolées orchestrales de Rex – il écoutait beaucoup de musique classique de la période romantique pendant la création de cet album. On ressent également la même fébrile envie de voyager qui l’a au départ poussé vers Amsterdam. Sur « THE SHADE », il raffine encore plus son amalgame de soul séducteur à cœur ouvert et de soft rock mélodique, tandis que sur « IF YOU WANT IT », il transpose cette même formule sur la piste de danse à l’aide de synthés à faire trembler les murs. Les cordes et les rythmes croustillants de « WORTH IT » donnent quant à eux l’impression que l’artiste aspire à composer la chanson thème d’un film de James Bond. À travers tout ça, on comprend que Rex est désarçonné, dans son cœur comme dans sa tête. Pour lui, l’amour est aussi réjouissant (« AMAZING ») qu’anxiogène (« THE SHADE »). Et là où l’insupportable inertie pandémique se ressent dans toute sa lourdeur sur « OPEN A WINDOW », une collaboration avec Tyler, The Creator, on a en contrepartie droit à un moment de clarté triomphale sur la pièce titre, « WHO CARES? ». Bref, il aborde les hauts et les bas de la vie, une dualité qui se reflète dans le titre de l’album qu’on peut interpréter comme du je-m’en-foutisme ou comme un sincère plaidoyer. « C’est exactement ça, le but, dit l’artiste. C’est les deux en même temps, parce que je balance moi-même entre l’un et l’autre. Je vois toujours les deux côtés de la médaille. Ça m’est arrivé tellement de fois de penser que je me fous de tout, même quand je suis dans un état d’esprit positif ou négatif. Mais ça m’est arrivé encore plus souvent de me demander : “Est-ce qu’il y a quelqu’un qui s’en soucie vraiment? Je veux savoir qui s’en soucie.” Je me soucie de ce que les gens pensent. Je me soucie de ce que fais, car il y a une raison qui me pousse à le faire. » Mais en fin de compte, WHO CARES? est comme une porte qui s’ouvre sur de nouvelles aventures musicales et créatives. « Mes albums préférés sont ceux où l’artiste change complètement de cap, confie O’Connor. WHO CARES? ressemble à un côté d’une médaille, et je tiens à ce que les gens sachent que je travaille sur un projet vraiment excitant qui en montrera le revers. »