Chrysalism

Chrysalism

Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne, les deux autrices-compositrices-interprètes derrière Milk & Bone, se retrouvent après une pause salutaire. « On a eu du temps pour se reposer, faire autre chose que juste travailler. Ça a fait beaucoup de bien de ne pas se mettre de pression et de retrouver l’excitation qu’on avait en faisant le premier album », a raconté Lafond-Beaulne à Apple Music. Après Little Mourning (2015) et Deception Bay (2018), le troisième album des deux Québécoises, Chrysalism, a été conçu à Los Angeles avec le producteur Micah Jasper. « On avait le goût de se projeter ailleurs. Micah est guitariste et il a travaillé avec des synthétiseurs, donc ça a amené beaucoup de nouvelles textures », a noté Poliquin. Le duo a assumé son penchant pop et son envie de faire danser ses fans : « On va toujours avoir des chansons introspectives, intimes et personnelles, mais on a aussi vraiment du plaisir à être plus libres et à créer un party avec les gens qui viennent nous voir. » Elles nous présentent, pièce par pièce, cette nouvelle offrande. Bigger Love Laurence Lafond-Beaulne : « C’est la première qu’on a écrite avec Micah. Pendant qu’on travaillait dessus, il y a eu cet effet magique qui se passe parfois, quand tout se place vraiment facilement. Les paroles, la mélodie, les accords, tout s’est composé en trois heures. On savait, après cette séance-là, que c’était Micah qui allait produire l’album. Ça parle d’une rupture vraiment difficile. J’étais au top de la montagne d’émotions, à ce moment où tu broies du noir et que t’as l’impression qu’il n’y a pas d’issue et que tu n’iras jamais mieux. Ça fait toujours du bien d’écrire quand on est dans cet état-là. » Borders Camille Poliquin : « Ça a été une pièce difficile côté production. Il y en a toujours une, à chaque album, sur laquelle on s’acharne et on se demande si “it’s gonna make the cut” [librement : “elle va passer la barre”] ou non. Sur notre premier, c’était “Pressure”, et finalement ça se trouve à être la deuxième chanson la plus écoutée de tout notre répertoire. C’est toujours un “gamble”. En studio, je faisais de l’écriture automatique et je me demandais ce que j’avais besoin d’extérioriser. Les relations à distance, en pleine pandémie, étaient la chose qui me frustrait le plus à ce moment-là. D’habitude, j’ai toujours l’option de sauter dans un avion et d’aller voir la personne à qui j’ai besoin de parler. Mais là, je pouvais pas, et ça me hantait. » Movies C.P. : « On était à LA. J’écoutais beaucoup “Silk Chiffon” de Phoebe Bridgers et MUNA, avec les fenêtres baissées et le bruit de l’océan, et j’avais envie d’écrire une chanson qui allait donner le même feeling. C’est notre première avec la guitare comme instrument principal. Ça parle d’une relation où les “love languages”, les manières de montrer de l’affection sont complètement incompatibles. C’est une relation vouée à l’échec, mais où on refuse de jeter l’éponge. Par fierté, on s’acharne. » Whirlpool C.P. : « Il faut voir la beauté dans les moments où on broie du noir. On est en constante évolution. Une de mes lignes préférées dans cette chanson-là dit “open heart with no limb” [librement : “cœur ouvert sans bras ni jambes”], et je crois que c’est la clé. Tant qu’on garde le cœur ouvert, on va pouvoir continuer à avancer. » Time Alone C.P. : « Des fois, même dans une relation stable où tout va bien, on est une mauvaise personne. Je me souviens de pas avoir été là, d’avoir vraiment pas filé, d’avoir eu besoin de temps toute seule et que ça avait rien à voir avec l’autre. La chanson est partie d’un petit “voice memo” que j’avais dans mon téléphone et sur lequel on a élaboré. C’est une pièce super courte, un granité. » Piggyback L.L.-B. : « Celle-là, c’est un reminder à nous-mêmes que c’est correct d’aimer fort, que c’est correct d’être vulnérable et que surtout, on a les outils pour passer à travers les épreuves qui viennent avec les grandes blessures. C’est un peu notre chanson à la HAIM, groovy, avec un riff de guitare électrique presque pop rock et un refrain à la rythmique très découpée. » C.P. : « J’aime que les voix soient mises à l’avant. Parfois, on oublie que c’est notre instrument principal. » Green Dot L.L.-B. : « C’est une chanson sur l’état enivrant et complètement malsain d’être en attente d’un signe ou d’une réponse de quelqu’un. Ce moment où ta vie est un peu sur pause, l’angoisse qui vient avec ça, le sentiment de “helplessness”. » 20MGs C.P. : « Celle-ci a été écrite presque en écriture automatique. J’avais besoin de parler de ma dépression, que j’ai vécue pendant notre dernière tournée. Ça faisait partie du processus de lancer un nouvel album, j’avais besoin d’un “step back” sur ce moment-là de ma vie, de me remettre dans cette position-là, sans douleur. Je trouve que le rapport entre les paroles et la musique est très efficace. Il y a comme une lourdeur qui te tire vers l’avant. C’est vraiment comme ça que je me sentais à l’époque. » Object of Fun C.P. : « Je pense souvent aux paroles, parce que j’ai encore les mêmes frustrations que quand on les a écrites. Ça parle des doubles standards dans la société. Comme femmes, on est “under scrutiny all the time” [librement : “sous surveillance permanente”]. On n’a pas le droit d’avoir un corps, de vieillir. On n’a pas le droit d’exister sans être jugées, désirées et détestées en même temps. Si on avait l’impression que les hommes avaient un peu d’empathie par rapport à ce qu’on vit, je crois que ce serait moins pire. Cette chanson parle aussi de comment, dans mes relations, je me suis souvent sentie comme si l’autre personne avait juste besoin d’une blonde ou d’une compagne et que j’avais pas le droit d’exister avec ma complexité, mon ambition, ma mauvaise humeur. Tantôt on a parlé de HAIM et de Phoebe Bridgers, mais celle-là, c’est comme notre Christine and the Queens. Et si tu prêtes pas attention aux paroles, c’est cute et bouncy. » L.L.-B. : « C’est comme un fuck you avec le gros sourire. Camille l’a presque écrite au complet. Elle a trouvé des images et des tournures de phrases tellement fortes! Je suis vraiment fière qu’on ait cette chanson-là sur notre album. » Sour L.L.-B. : « On dit qu’il y a des étapes dans le deuil. “Sour”, c’est un peu le moment, dans une peine d’amour, où tu t’accroches encore, mais où tu commences à voir plus clair parce que t’arrêtes d’idéaliser la relation. L’amertume arrive, mais t’es prêt·e à défendre ton bien-être, sans l’autre. Tu passes à un autre chapitre. » C.P. : « Elle me fait un peu penser à notre premier album, Little Mourning, aux moments où il y a une voix seule en haut, puis où le drum embarque, ce genre de dualité entre la vulnérabilité et la colère. » A Little Better Every Time L.L.-B. : « Celle-ci, ce serait l’étape juste après, où on réussit tranquillement à se détacher, à se reconstruire. Je la vois un peu comme un dialogue interne. Le “verse”, c’est le moment où t’es moins solide, où t’as envie de t’accrocher à ce que ton histoire [d’amour] était, mais quand le refrain arrive, il y a une prise de pouvoir, une confiance. On navigue entre la force et la fragilité. » City Girls C.P. : « À la base, c’était comme un interlude. Entre femmes, on est souvent en train de se comparer, et avec l’isolement de la pandémie, on pouvait se laisser aller. » L.L.-B. : « Elle est un peu différente du reste de l’album. Elle clashe, mais d’une belle manière. On focusse plus sur les harmonies, sur les voix, sur les “strings” et les trucs plus acoustiques. » Worst Year of My Life L.L.-B. : « Même si elle est un peu dark, pour moi c’est un rappel qu’à travers la noirceur, il y a beaucoup de trucs positifs qui se construisent pour la suite. Plusieurs pièces de cet album-là ont été écrites dans un tourbillon d’émotions. Je trouvais ça beau de finir avec ça. »

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