Il y a des artistes qui utilisent l’album éponyme comme une façon de se présenter sous un nouveau jour. Pour les frères TJ et John Osborne, ça ressemble plus à une révélation attendue depuis longtemps. Paraissant trois ans après Skeletons (2020), Brothers Osborne est leur proposition artistique et personnelle la plus accomplie à ce jour, en partie en raison du « coming out » de TJ au début de 2021. Sur ce quatrième album, on les découvre plus libres et revigorés. Le producteur Mike Elizondo a su capter une période électrisante où les musiciens ont repoussé les limites du son faisant fi des genres qu’ils ont peaufiné au fil des ans. Parmi les petits bijoux de ce projet : « Ain’t Nobody Got Time For That », une chanson « fais de l’air » groovy et disco coécrite avec Jaren Johnston, ainsi que « Goodbye’s Kickin’ In », une pièce pleine de soul qui met parfaitement en valeur la voix de baryton de TJ. La dernière, « Rollercoaster (Forever And A Day) », est une chanson d’amour intemporelle qui utilise des pronoms non genrés afin que tout le monde se retrouve dans son texte aussi adorable que réaliste. « L’écriture des chansons de cet album a été beaucoup plus agréable », a confié TJ à Apple Music. « Au lieu d’essayer de naviguer à travers toutes sortes d’écueils ou d’avoir peur de la façon dont les gens allaient les interpréter, on a réalisé qu’on a toujours été pas mal ouverts à propos de qui on est, et ç’a fait tomber plein de barrières, créativement. Je pense qu’au final, c’est pour ça qu’on a choisi d’en faire un album éponyme. On n’a plus rien à cacher et c’est un sentiment incroyablement libérateur. » Les deux frères nous proposent leurs perspectives sur quelques-unes des pièces clés du projet. Goodbye’s Kickin’ In TJ : « Des fois, quand t’es sur le point d’abandonner, t’as une épiphanie et tu réalises que dans le fond, t’as pas vraiment envie de baisser les bras. Des fois ça arrive en faisant l’amour, d’autres fois, c’est un moment d’adrénaline pure où tu te rends compte que t’es au bord du précipice et tu décides de ne pas sauter, mais dans un cas comme dans l’autre, c’est enivrant. C’est ça qui a inspiré cette chanson. J’adore aussi le fait qu’il y a dans ce morceau des influences musicales que vous n’avez jamais entendues avant dans notre musique. Elle a un côté presque R&B que j’aime vraiment beaucoup. » Love You Too TJ : « Ça arrive que les gens disent quelque chose et je suis comme : “Tu me tombes sur les nerfs.” Je pense sérieusement qu’être capable de prendre un peu de recul, de t’élever au-dessus de tout ça et de ne pas laisser ça te contrôler est quelque chose de puissamment libérateur. La plupart du temps, quand les gens disent des trucs haineux, c’est juste parce qu’ils veulent ton attention et ils le font en essayant de crier le plus fort possible. » We Ain’t Good At Breaking Up TJ : « Je dis souvent ça [le titre] à la blague. Les gens me demandaient si j’étais encore avec mon chum et je leur répondais : “Ouais, on n’est pas très bons dans les ruptures.” Un jour, j’ai dit ça à Jesse Frasure et il a lancé : “Ben là, il faut qu’on fasse une chanson avec ça.” Il n’y a rien de super précis à propos de ma sexualité ou quoi que ce soit; j’ai toujours volontairement écrit des textes non genrés et je m’en suis tenu à cette méthode-là parce que j’aime bien ça. Je pense qu’on ne nous reconnaît pas pour ça, mais on le fait des fois, et j’adore évoluer dans cet espace-là. » Ain’t Nobody Got Time For That John : « C’est un morceau disco avec des arrangements de cordes disco. Sérieusement, on a probablement utilisé tous les instruments qu’il y avait dans le studio. On a écrit ça avec Jaren Johnston et Lee Miller. Lee avait loué un chalet pour quelques jours et tout ce qu’on a fait c’est boire le plus d’alcool possible et écrire des chansons. Je pense que celle-là c’est la première qu’on a pondue. On était carrément morts de rire parce que Jaren adore être complètement déjanté et c’est dans cet environnement-là que cette chanson est née. » Rollercoaster (Forever And A Day) TJ : « Voilà un autre aspect très intéressant de la création de cet album, pour moi. Avant, même si j’étais – et je suis encore – dans une relation pleine d’amour, je faisais semblant qu’elle n’existait pas et je vivais ma vie comme si j’étais quelqu’un d’autre, en quelque sorte. Bref, celle-là est fortement inspirée par mon couple actuel. » John : « Les relations de couple sont aussi extraordinaires que difficiles. C’est de ça que cette chanson parle. J’veux dire, ils sont où, les morceaux pour les gens qui ne s’entendent pas bien? Si t’écoutes une chanson d’amour, c’est généralement dans la veine de “je t’aime, c’est fantastique, viens faire un tour dans mon camion, la vie est parfaite”. Mais non, elle n’est pas parfaite. Après, le camion tombe en panne et vous êtes en crisse un contre l’autre, mais deux jours plus tard, vous vous aimez à nouveau. C’est ça, l’amour : être capable de passer à travers les moments difficiles. »