Dans son Niger natal, Mdou Moctar a appris par lui-même à jouer de la guitare, en regardant des vidéos en ligne où Eddie Van Halen exposait ses techniques. L’auteur-compositeur-interprète s’est ainsi forgé un style unique, naviguant entre un rock franc et puissant et des airs traditionnels touaregs teintés de mélancolie. Enregistré avec son groupe dans des studios, des appartements, des chambres d’hôtel, des coulisses et à l’extérieur, Afrique Victime est son sixième album en moins de 10 ans. Encore ici, on constate que la musique est indissociable d’une prise de parole pour l’artiste. De chanson en chanson, il aborde divers thèmes : l’amour, la religion, les droits des femmes, les inégalités et l’exploitation de l’Afrique de l’Ouest par les puissances coloniales. « J’ai eu envie de donner une voix à tous ceux qui souffrent sur mon continent et qui sont ignorés par le monde occidental », explique à Apple Music celui qui décortique avec nous son offrande, pièce par pièce. Chismiten « Ce morceau parle de la jalousie dans le couple, mais surtout, de ne pas se laisser envahir trop rapidement par ce sentiment qui selon moi est très néfaste. Chaque personne, homme ou femme, a le droit d’entretenir des relations en dehors du couple, que ce soit avec des amis ou la famille. » Taliat « C’est encore une chanson qui traite des relations, de la souffrance qu’on éprouve quand on est profondément épris de quelqu’un qui en retour ne nous aime pas. » Ya Habibti « Le titre de cette pièce que j’ai composée il y a longtemps signifie “Oh mon amour” en arabe. Je me remémore ce soir du mois d’août où j’ai rencontré ma femme, et combien je l’ai tout de suite trouvée très belle. » Tala Tannam « C’est aussi une chanson que j’ai écrite pour ma femme alors que j’étais loin d’elle, en voyage. Je lui dis que peu importe où je suis, je pense à elle. » Asdikte Akal « Il est question de mes origines et de la nostalgie que je ressens quand je pense au village où j’ai grandi, à mon pays et à tous ceux qui me manquent lorsque je suis au loin, comme ma mère et mes frères. » Layla « Layla, c’est ma femme. Quand elle a accouché de notre fils, je n’avais pas le droit d’être auprès d’elle, car il en va ainsi pour les hommes dans notre pays. J’étais en tournée lorsqu’elle m’a appelé, très inquiète, pour me dire que notre fils allait naître. Je me sentais vraiment impuissant et, en guise de réconfort, je lui ai écrit cette pièce. » Afrique Victime « Bien que mon pays soit indépendant depuis longtemps, la France avait promis de nous aider, mais cet appui n’est jamais venu. La plupart des habitants du Niger n’ont pas d’électricité ni d’eau potable. C’est ce que je souligne dans cette chanson. » Bismilahi Atagah « Celle-là parle de différents dangers qui nous guettent, de tout ce qui peut nous détourner de ce que nous sommes, comme l’illusion de l’amour et l’attrait de l’argent. »