TIME

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« On est vraiment en train de changer le cours des choses », explique Yaw Tog à Apple Music. « Avant, la drill n’existait pas du tout au Ghana. Donc quand on a commencé, les gens faisaient même pas attention à nous. Mais maintenant on est au sommet, et je dis à tout le monde qu’on est là pour durer. » À 19 ans, le MC originaire de Kumasi est le fer de lance d’un mouvement qui redéfinit radicalement l’identité du hip-hop ghanéen. Dans ce qui est la deuxième plus grande ville du pays — et un terreau fertile pour la culture jeune — le mouvement Asakaa (parfois surnommé “Kumerica” car il fusionne les cultures urbaines de Kumasi et des États-Unis) a vu le jour, une version remaniée de ce mouvement rap passionnant qui est né à Chicago et s’est développé à Londres. Yaw Tog s’est affirmé comme un leader, et son premier EP TIME, qu’il a achevé lors de sa dernière année d’études, cristallise tous les espoirs placés en lui. Avec des rimes en twi, en anglais, et en argot kumericain — et en utilisant des mots-valises tirés de plusieurs de ces langues — il distille des tubes corrosifs aux refrains contagieux, capturant l’énergie d’une jeunesse révoltée qui revendique un nouvel idéal panafricain. Ce triptyque a même attiré l’attention du rappeur ghanéo-britannique Stormzy, qui a répondu à l’appel de son pays d’origine en posant un couplet inspiré sur le tube énergique « Sore (Remix) ». « Quelqu’un de fainéant n’arrivera à rien dans la vie », affirme Yaw Tog. « Une grande part de mon succès vient du fait que je travaille dur, et bientôt la musique sera mon travail à plein temps. Dans ce milieu, si t’es pas capable d’être toi-même et de le prouver régulièrement, les gens ne captent pas d’où tu viens. La première étape c’est de simplement être toi-même. » Laissez la sensation ghanéenne du drill se présenter lui-même, ainsi que son splendide premier EP, titre par titre. Gold Friends « C’est dédié à mes potes de la première heure. C’est avec eux que j’ai commencé à faire tout ça. J’étais dans le studio — à me remémorer comment ils m’ont soutenu depuis le début, et l’idée m’est venue : “Fais quelque chose pour tes potes”. Donc j’ai juste posé ça sur le beat. “Came up from the dirt” [Parti de rien] — même pendant l’enregistrement de ces lignes pour le hook, ça m’a ému au plus profond de moi. » Boyz « Celle-là aussi elle est pour mes potes. C’est une vibe festive — et honnêtement je sors pas très souvent, contrairement à eux ! Et ils m’ont toujours encouragé et soutenu dans ma musique. Je me souviens de moments où ils m’ont donné de l’argent pour m’aider à payer le studio, alors que parfois j’y allais même pas ! J’apprécie vraiment leur soutien. » Fake Ex « Presque tout le monde a un ou une ex. Donc je pense que c’est un bon sujet pour une chanson. Je me mets juste à la place des autres parce qu’en vrai, j’ai pas d’ex ! Honnêtement, même mon producteur me mettait la pression, en me disant “Ça va pas marcher. Qu’est-ce-que tu fais ?”. J’ai dû lui dire : “Fais moi juste confiance ! Celle-là elle est pour les gens, et je suis sûr qu’elle leur parlera.” » Sore (Remix) « Dès le moment où Stormzy est arrivé et a dit, “Yo, c’est parti pour ce titre”, j’ai su que les choses allaient changer pour nous. J’arrivais pas à le croire, genre c’est même pas possible de payer pour un feat avec Stormzy ! Il nous a vite envoyé son couplet après ça, mais je savais pas que ça sortirait. C’était une énorme surprise quand j’ai appris qu’il était arrivé au Ghana, et quand on s’est rencontrés il m’a donné des conseils et a été adorable avec moi. C’était comme s’il était mon grand frère. Avec ce titre, on voulait s’unir et envoyer un signal fort au reste du monde. Je me suis réveillé un matin et c’était en boucle dans ma tête, “Yebe Sore, Yebe Sore”. Et à cause de la façon dont ça m’est venu, j’avais envie de faire la chanson en solo. Puis je sais pas trop pourquoi, quelque chose m’a incité à y faire participer d’autres personnes. Je sentais que ce morceau allait exploser. Je le savais. » Mood (feat. Sean Lifer) « Quand je vois des gens qui trippent sur ce titre dans des vidéos, c’est toujours des gangsters ! Ça parle de briser les règles, donc il fallait que je le fasse pour eux. Sean Lifter est une sommité ici, au Ghana. C’est un MC de fou, il représente la team Life Living. Sa manière d’enregistrer, sa créativité, son imaginaire, son flow, tout. Il assure vraiment, il balance des rimes non stop. » Y33gye « Donc ça se prononce un peu genre, “Yeah G”. Mais on s’en empare, c’est à nous maintenant ! Et c’est un vrai message pour tout le monde, “On reprend tout ce que vous nous avez piqué. On arrive pour tout rafler.” Ça m’a pris environ un mois d’écrire ce titre, parce que je voulais vraiment que le message soit percutant. » Time « Je pensais aux efforts, à la lutte et à la douleur auxquels j’ai dû faire face pour en arriver là. Quand j’y repense, ça me fait prendre conscience que mon heure est venue. La scène musicale a pas toujours été au top à Kumasi. Mais même quand la balle était pas dans notre camp on travaillait dur, jour et nuit. On vivait et on respirait que pour la musique, la musique, la musique. Et maintenant notre heure est vraiment venue et on domine le game. »

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