uknowhatimsayin¿

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S’il y a un concept global derrière uknowhatimsayin¿, le cinquième album de Danny Brown, c’est qu’il n’a justement pas de concept. « La moitié du temps, quand les Noirs disent : “You know what I’m sayin” (librement : “Vous savez ce que je veux dire”), ils ne disent absolument rien », explique Danny Brown à Apple Music. « Ce ne sont que des chansons. Pas besoin de les faire jouer à l’envers. Pas besoin de les enchaîner dans un ordre particulier. Vous les aimez ou pas. » La dernière décennie a vu Brown devenir l’une des voix les plus distinctes du rap, et il est reconnu autant pour ses cheveux et son timbre de voix aigu que pour son amour de l’Adderall et ses productions idiosyncrasiques. Avec le lancement de uknowhatimsayin¿, Brown souhaite que toute l’attention soit accordée à la qualité de sa musique. Il a donc fait appel à Q-Tip, un de ses héros et un supporteur de la première heure, comme producteur délégué. « Je déteste quand les gens disent : “J’aime Danny Brown, mais je ne comprends pas ce qu’il raconte la moitié du temps” », explique l’artiste. « Vous comprenez ce que je raconte, maintenant? Je vous parle. Je ne suis pas le Danny qui fait la fête et saute partout. Non, je suis le Danny qui va vous montrer comment ça fonctionne. J’ai tout appris afin que vous n’ayez pas à le faire. Appelez-moi oncle Danny, maintenant. » Écoutons oncle Danny nous raconter l’histoire de chacun des morceaux de son album. Change Up « J’ai enregistré “Change Up” au moment où j’apprenais les techniques d’enregistrement. J’avais commencé à installer un studio dans mon sous-sol. Je ne savais pas comment utiliser “Pro Tools”, ou quoi que ce soit du genre. C’est vraiment juste moi qui crée une chanson dans le but de l’enregistrer. Mais quand je l’ai fait écouter à Q-Tip, il l’a adorée. Il a dû entendre qu’elle avait du potentiel, car c’est devenu une de mes préférées aussi. Je n’étais pas chaud à l’idée, initialement, mais pour lui, il fallait que ce soit la première pièce de l’album. Difficile de ne pas lui faire confiance; c’est Q-Tip! » Theme Song « J’ai écrit “Theme Song” lors de la tournée pour Atrocity Exhibition [en 2016]. Mon ami Curt est barbier et je l’avais invité à me suivre en tournée pour me couper les cheveux. Il crée aussi des beats. Il avait apporté sa machine et en créait dans le bus de tournée. Un jour, j’en ai entendu un et j’ai écrit des rimes dessus. J’ai fait écouter la pièce à Q-Tip et il l’a vraiment aimée, à part le hook et la performance vocale, mais il n’arrivait pas à m’expliquer ce qu’il voulait. Je pense qu’on a dû réenregistrer celle-là 300 fois au cours des trois années qu’a duré la production de cet album. Pendant un certain temps, on y entendait A$AP Ferg qui s’était arrêté chez moi pendant sa tournée. On avait fait un truc intitulé “Deadbeat”, mais ce n’était pas très bon. J’ai conservé ses freestyles et écrit quelques rimes, et de là, j’ai créé une toute nouvelle chanson. » Dirty Laundry « À la base, il s’agit d’un beat de Samiyam. Il habite à Los Angeles, mais chaque fois qu’il passe par le Michigan, d’où il vient, il s’arrête chez moi. Il me faisait écouter ses trucs et quand j’ai entendu trois secondes de ce beat-là, j’imagine qu’il a compris quelque chose en voyant mon regard ébahi. “T’aimes ça?”, il m’a demandé, et j’ai dit : “Ouais!” J’ai dû retravailler la structure du morceau parce que les beats étaient très différents les uns des autres. Q-Tip m’a guidé tout au long du processus : “Dis cette ligne comme ça”, “prends une pause ici”... Je n’aurais pas pu espérer qui que ce soit de mieux que lui. » 3 Tearz (feat. Run the Jewels) « J’adore Peggy. On a échangé nos numéros et on s’est parlé au téléphone. J’ai suggéré qu’il vienne passer une semaine à Détroit pour voir ce qui en ressortirait. Il m’a laissé plein de beats à son départ, et ça, ça en est un. J’ai collé une rime dessus, mais je n’ai jamais fini le morceau. Plus tard, EL-P et moi on écoutait des trucs et il est devenu fou quand il a entendu celui-là. EL a invité Mike et ils l’ont terminé. Quand Q-Tip l’a entendu, il l’a adoré. Il a peaufiné le beat et ajouté l’orgue. C’était quelque chose de voir Tip improviser à l’orgue! » Belly of the Beast (feat. Obongjayar) « J’ai probablement ce beat depuis l’époque de XXX [2011]. Les paroles ont été écrites pour Old [2013], mais sur un beat différent. C’était peut-être dans une période où je manquais d’inspiration, mais j’ai eu l’idée de les réunir. Steven [Umoh] a entendu le résultat, qui était très brut, et il m’a dit : “Yo, donne-moi ça.” Il est reparti avec et une fois rentré à Londres, il a demandé à Obongjayar d’y participer, et voilà ce que ça donné. » Savage Nomad « Q-Tip voulait que Savage Nomad soit aussi le titre de l’album. On écrit parfois juste pour avoir une plume bien aiguisée. J’ai dû rapper pendant 50 barres sans arrêt sur ce beat, je n’avais aucune direction. Tip l’a retravaillé; je crois qu’il aime ce genre d’approche. » Best Life « Celle-là est arrivée quand Q-Tip et moi avons trouvé notre “groove”. On produisait des chansons ensemble, mais rien qui se démarquait. J’ai enregistré le premier couplet, mais je n’avais rien d’autre. J’ai envoyé une vidéo à Tip où je la jouais et il m’a rappelé immédiatement en disant : “What the fuck? Il faut que tu viennes ici ce week-end!” Une fois chez lui, il m’a un peu aidé avec l’écriture des rimes. À la fin, on a enregistré une autre version, mais il a préféré utiliser ma version originale. Il trouvait qu’elle avait un côté plus brut. » uknowhatimsayin¿ (feat. Obongjayar) « Ça demande des efforts énormes quand on essaie trop de dire des trucs cool et d’être ultra lyrique. Cette chanson-ci s’est écrite toute seule. Je crois que je ne peux pas en prendre le crédit, car j’ai vraiment l’impression qu’elle m’est venue d’une puissance supérieure. J’ai carrément parti le beat et cinq minutes plus tard, elle était finie. J’ai dû me battre pour ce morceau tellement je l’aime. Mais je ne peux pas faire un album au complet de “battle rap”. Il faut permettre aux auditeurs de reprendre leur souffle. » Negro Spiritual (feat. JPEGMAFIA) « C’est un autre truc que Peggy et moi on a fait chez moi à Détroit. Je l’ai fait entendre à Flying Lotus. Il m’a dit qu’il fallait que je l’utilise et je lui ai répondu que si Q-Tip l’aimait, c’était bon signe. Mais au final, ce n’est pas moi qui décide quelles chansons on va conserver ou pas. Je n’avais aucune idée si elle allait se retrouver sur l’album. Quand on a commencé le mixage, on a créé un tableau d’ambiance où se trouvaient toutes les pièces, incluant “Negro Spiritual”. J’ai simplement dit : “On la garde?” » Shine (feat. Blood Orange) « C’est la chanson la plus terre à terre. Je n’avais pas encore le hook de Blood Orange quand je l’ai créée. Merci encore à Steven qui a apporté sa touche magique, mais je l’ai prévenu qu’il allait devoir convaincre Q-Tip. Avant que Blood Orange y contribue, Tip n’était pas emballé par celle-ci. Mais après, il a dit qu’il avait compris la vision de cette pièce. » Combat « Carrément ma chanson préférée de l’album. C’est comme un tour de piste victorieux. Q-Tip m’a raconté cette histoire qui date des années 80 : une pièce de Stetsasonic jouait dans le Quartier latin et les gens perdaient la tête et commençaient à se battre. Une fois, quelqu’un a donné des coups de couteau dans le manteau bourré de plumes d’un gars et Tip me racontait comment il y avait des plumes partout pendant que les gens continuaient de danser. Bref, on se disait que nous aussi on voulait produire un morceau qui remplirait la place de plumes. Et c’est celui-là. C’était notre but et quand on l’a terminé, on a carrément dansé. On a été incapables d’écouter autre chose pendant trois jours! »

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