Gracie Abrams ne s’est pas installée à Los Angeles dans le but d’y faire carrière. Elle y est née en 1999, dans une famille qu’on pourrait qualifier de royale : son père, J.J. Abrams, est un réalisateur à succès, associé à Star Wars et Star Trek, mais également un compositeur; et sa mère, Katie McGrath, est productrice de télévision. Après avoir disséminé des bribes de chansons sur son compte Instagram, elle lance « Mean It », premier simple officiel, fin 2019. Chronique sans fard de la dissolution d’un amour, la ballade au piano attire aussitôt l’attention sur la jeune artiste de 19 ans. Souvent comparée à Olivia Rodrigo (fan de la première heure, Rodrigo l’invite à se joindre à sa tournée en 2022), elle s’inscrit dans un courant de jeunes autrices-compositrices-interprètes à la fois fortes et vulnérables qui ont fait de leur journal intime leur matériau principal. L’EP minor voit le jour en 2020, belle collection de confessions à fleur de peau où on remarque l’expansive « I miss you, I’m sorry », qui transcende l’étiquette de bedroom pop qu’on lui a accolée. Elle peaufine son style avec This Is What It Feels Like (2021), où les ballades acoustiques côtoient une pop plus rythmée. On y note la présence d’Aaron Dessner, membre du groupe The National et collaborateur de Taylor Swift (qui l’invitera elle aussi à se joindre à sa tournée Eras), qui joue ensuite un rôle central sur son premier album officiel, Good Riddance (2023), à titre de producteur et d’auteur-compositeur.