Social Cues est le résultat d’un processus durant lequel Matt Shultz a tenté de comprendre une période tumultueuse de sa vie. Le leader de Cage the Elephant a non seulement traversé un divorce pendant l’enregistrement du cinquième album du groupe, mais il a également perdu deux de ses amis par suicide. Au lieu de s’attarder à ces tragiques circonstances, Shultz a choisi de se concentrer sur le côté positif qu’on a tendance à balayer d’un revers de main lors de périodes de bouleversement personnel. « C’est tentant, quand on traverse une phase difficile, de rester impliqué dans le mélodrame et de se dire des trucs du genre : “Je vais écrire une chanson triste qui va parfaitement expliquer où j’en suis” », a confié Shultz en entrevue à Beats 1. « Mais il ne faut pas ignorer les autres notes et les autres couleurs de la vie qui demeurent tout aussi importantes. » Cage the Elephant n’a pas peur de remettre en question l’ordre établi dans le domaine du rock. Son approche décalée qui touche à plusieurs genres a culminé en 2015 sur Tell Me I’m Pretty, dont l’amalgame de rock psychédélique et de glam lui a valu le GRAMMY® du meilleur album rock en 2017. Sur Social Cues, le groupe navigue entre différentes périodes du rock en plus d’y insuffler une atmosphère lugubre inspirée par les trames sonores des films d’horreur de John Carpenter. Sur « House of Glass », Shultz affronte ses pensées paranoïaques sur un punk garage viscéral, tandis que des instruments à cordes s’entendent sur « Love’s the Only Way », tendre ballade où il réfléchit à ses erreurs. Dans tous les cas, il parvient à juxtaposer ses sentiments mélancoliques avec brio, exhibant son savoir-faire sur des grooves de synthés (« Skin and Bones ») ou un puissant blues rock (« The War Is Over »). Grâce à l’intuition et la perspicacité de son frère (le guitariste Brad Shultz), et à l’insu du reste du groupe, la chanson « Night Running » a reçu un coup de pouce de la part de Beck. « Un matin, j’ai reçu un texto où il me disait : “Voici quelques couplets que Beck a écrits. J’ai cinq autres options si tu ne les aimes pas.” On a tous dit : “Non! C’est bon!” » « Goodbye » vient clore Social Cues de manière solennelle. C’est un moment unique où Shultz se place à l’avant-scène et accepte qu’il est temps de mettre fin à une relation. « Pour moi, c’est une chanson exaltante », confie l’artiste. « Je trouve ça intéressant que, parfois, lorsque nous sommes confrontés à une vérité profonde, nous l’interprétons comme quelque chose de sombre. Je crois que le défi le plus évident, c’est de trouver quelque chose dans la musique qui va raviver notre excitation et notre passion pour cette musique. »