Crooner yéyé devenu expérimentateur avant-gardiste de la chanson française, Christophe a connu en cinq décennies les succès populaires autant que la reconnaissance artistique. Né le 13 octobre 1945 à Juvisy-sur-Orge, Daniel Bevilacqua est connu sous un seul prénom, Christophe, adopté en 1965 avec des premiers succès qui marient romantisme passionné (personne n’oublie ses cris de détresse sur « Aline ») et déjà, une bonne dose d’étrangeté (« Les marionnettes »). En 1966, son charisme à l'italienne apparaît sur « La photo du siècle » regroupant les 46 stars de l’époque yéyé - notamment Françoise Hardy, France Gall, Claude François - , dans le magazine Salut les copains. Dans les années 1970, ses tubes « Main dans la main », « Les Paradis perdus » ou « Les Mots bleus » (tous deux écrits par Jean-Michel Jarre) sont salués par la critique, tout comme son album pop rock Le Beau Bizarre en 1978. Toujours beau, de plus en plus atypique, Christophe obtient de nouveaux succès dans les années 1980 (le triomphal « Succès fou »), mais ne fait plus de concerts depuis 1976 et espace ses sorties. Dandy noctambule, il se retire dans son appartement-studio pour peaufiner ses recherches sonores, dont il dévoile le résultat en 1996 avec Bevilacqua un album ambitieux, moderne, atmosphérique, où on l'entend en duo avec son idole Alan Vega, du groupe américain Suicide. Il sort cinq albums creusant cette veine singulière entre 1996 et 2016, dont Comm'si la terre penchait (2001) et Les Vestiges du chaos (2016), albums nimbés de synthétiseurs où sa voix haute et fébrile semble surgir d’un rêve vaporeux. « J'suis le plus pur / Je vous assure / Le plus embrasé » chante-t-il en 2016 sur « Définitivement ». Après un album de duos reprenant ses grands succès (avec Étienne Daho, Eddy Mitchell, Julien Doré, Pascal Obispo ou Philippe Katerine), l’incandescent Christophe s’éteint le 16 avril 2020 à l'âge de 74 ans, dessuites d'insuffisance respiratoire.