WOMB

WOMB

Lors de sa parution en 2012, Shrines, le premier album de Purity Ring, a contribué à définir l’indie rock moderne grâce à sa fascinante fusion de mélodies dream pop et de beats trap finement ciselés. Le suivant, Another Eternity en 2015, atteignit un tel raffinement dans l’art d’écrire des chansons qu’il valut à la formation d’être invitée à collaborer et à partir en tournée avec Katy Perry. Mais quiconque aurait parié que le duo d’Edmonton en Alberta, formé de Megan James et de Corin Roddick allait suivre les traces de sa célèbre bienfaitrice et atteindre le « Top 40 » aurait rapidement perdu ledit pari avec la parution de WOMB, un projet aux atmosphères enivrantes et au maximalisme numérique psychédélique. « On a toujours imaginé Shrines comme si on était dans une grotte et Another Eternity comme si on flottait dans le ciel », explique James à Apple Music. « Là, avec ce nouveau projet, on est de retour à l’intérieur. Je considère qu’on fait de la pop, mais notre définition de la pop est peut-être différente de celle des autres. » Fidèles au titre de l’album, les textes de WOMB explorent le pouvoir et les pièges de la féminité sur des musiques qui évoquent un espace « chaud, réconfortant et paisible ‒ un espace où se reposer, car je crois qu’on en a tous besoin ces jours-ci ». Megan James nous propose une visite guidée qui nous aidera à apprivoiser ce nouvel environnement. rubyinsides « On veut que chacune de nos chansons remplisse son propre espace, ait sa propre force d’attraction et sa propre émotion afin de justifier sa présence sur l’album. La production de “rubyinsides” possède un magnétisme ainsi qu’un mouvement lourd et enveloppant. La voix est un peu enfouie au milieu de tout ça, tourbillonnante et déroutante. Je trouve qu’elle a une “vibe” qui rappelle Shrines. » pink lightning « J’ai eu une réunion de famille l’été dernier et ç’a été difficile, comme on s’y attend généralement. Quelques-uns d’entre nous s’étaient retrouvés au Montana la veille. Il faisait un temps ensoleillé magnifique et on se faisait des pizzas dans le four extérieur quand, soudainement, d’énormes gouttes de pluie se sont mises à tomber. C’est immédiatement devenu un des orages les plus intenses que j’aie jamais vus. Un arbre est tombé sur un chalet et a frappé le lit superposé, un autre s’est pratiquement abattu sur ma nièce ‒ plusieurs personnes ont failli perdre la vie au milieu de ce chaos. Dix minutes plus tard, tout était fini et le ciel était rose, on était tous dans le solarium et on écoutait la foudre. Puis la réunion de famille a commencé et ç’a été très difficile. C’est plus tard que j’ai réalisé que cette réunion était comme cet orage, c’était le précurseur de la tourmente d’être en famille. » peacefall « Celle-là parle d’un ami qui m’a dit quelque chose de très gentil alors que j’étais distraite ‒ je ne l’écoutais pas, en fait. Quelqu’un m’a répété ses paroles et c’était vraiment vulnérable et gentil, je me suis sentie tellement mal de ne pas avoir été attentive. Cette chanson tente de qualifier ce que j’ai manqué, et j’essaie aussi de me racheter, parce que je me sens encore mal! J’imagine que c’est un peu un cadeau pour me faire pardonner. C’est Jonas Bjerre, de Mew, qui m’accompagne à la voix. Ce groupe rock danois a occupé une grande place dans notre adolescence, alors on était super contents que Jonas participe à ce morceau. » i like the devil « Cette chanson parle du rôle de la féminité et de la perception traditionnelle qu’on en a, que je trouve à la fois magnifique, vraiment tordue et sombre. Il y a un côté ancien à cette pièce ‒ ça parle des femmes de ma famille très traditionnelle et de moi, dans un sens. J’exprime ma vision des choses et ce que je n’aime pas dans tout ça. Ces rôles, dans le contexte du regard de nos proches sur nous, peuvent paraître immuables et faire en sorte qu’on se sente piégées. » femia « Cette chanson parle de la sœur de ma mère, qui est morte l’été dernier. C’était la matriarche de la famille et la première d’une fratrie de sept enfants à mourir. C’est mon interprétation de la première mort dans la famille que j’ai vécue et comprise en tant qu’adulte. Femia est aussi un nom de famille, ce qui rappelle le rôle traditionnel des femmes dans ma famille. J’ai ressenti plein de choses au sujet de ma famille au cours des dernières années, j’imagine. » sinew « La première phrase est “Rest like you belong here” (librement : Repose-toi comme si tu étais chez toi), et ça fait plutôt référence au confort qu’à la mort, quoique les références à la mort ne soient jamais accidentelles avec moi ‒ elle est toujours là, dans l’ombre. On a mis pratiquement deux ans à finir “sinew”. On avait des couplets et j’ai essayé plein de refrains, mais je n’étais jamais satisfaite. Puis, deux ans plus tard, tout s’est finalement mis en place. C’était un de ces cas où on se dit qu’il y a des chansons qui méritent d’être mises de côté, tandis que d’autres méritent qu’on leur accorde un effort supplémentaire, sauf que c’est parfois difficile de voir la différence entre les deux, parce qu’il faut de la patience. Mais quand on parvient à les distinguer, ça vaut la peine. » vehemence « Celle-là a beaucoup de vécu. On a essayé plein de bouts d’autres morceaux, mais sans succès. Quand tout s’est finalement mis en place, on était vraiment excités. Il y a des bouts là-dedans qui datent de quand on a commencé à travailler sur ce projet, en 2016, et d’autres qu’on a enregistrés pendant le mixage. Alors c’est une combinaison des toutes premières et des toutes dernières choses qu’on a faites pour cet album. Je voulais que cette chanson soit réconfortante et paisible, mais en même temps, je m’en prends à la naïveté religieuse et au fait que prier ne donne rien. C’est très sarcastique, comme moi. » silkspun « Je parle de noyade, dans un sens. L’eau est omniprésente sur cet album ‒ les dernières années ont été très aqueuses! Ce projet est devenu un monde à part entière où chaque pièce est un personnage. Oui, elles parlent des gens dans ma vie, mais lorsqu’on les regarde de mon point de vue personnel, ces personnages deviennent presque mythologiques ou bibliques, comme j’aime bien le dire. L’archétype de “silkspun” est quelqu’un qui n’est pas fait pour ce monde, un peu comme un oracle ou un prophète qui en sait trop et que personne n’écoute. Un peu comme le balado S-Town, tu sais? Un peu comme ce gars-là [John McLemore]. La chanson ne parle pas de lui, mais elle fait référence à cet archétype à la fois beau et triste. » almanac « Encore une chanson à propos de l’eau. Ici, le corps humain est comme une montagne entourée d’eau, à l’abri du danger. Il s’agit d’une chanson d’amour en bonne et due forme, mais avec un petit côté sombre, car je crois que l’amour a toujours un petit côté sombre. C’est quand on a écrit ce morceau que j’ai compris que je voulais que tout l’album sonne comme ça. Je voulais que cette atmosphère l’imprègne du début à la fin. C’est une chanson océanique. » stardew « Cette pièce a un côté ouvertement sexuel ‒ ce qui est très inhabituel pour nous ‒, mais étrangement, quand j’ai relu les paroles, j’ai vu que ça parlait aussi de la naissance. Avant même de réfléchir à l’ordre des pièces, on savait que “stardew” serait la dernière. C’est une des premières qu’on a écrites pour cet album. Corin m’a fait écouter le beat et tout s’est mis en place très rapidement, on sentait qu’on avait une chanson avec celle-là. Mais après en avoir composé quelques autres, elle est devenue un peu marginale. Je crois qu’elle a sa place, mais elle est beaucoup plus joyeuse et étoffée. C’est pour ça qu’on a décidé de la mettre en dernier ‒ on ne pouvait pas la placer ailleurs! »

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