Pour la jeune autrice-compositrice-interprète Rosie Valland, ce deuxième album s’inscrit sous le signe de l’émancipation et de l’affirmation. « J’ai vraiment pris le temps de le faire pour moi, et non pour répondre aux attentes d’une maison de disques », confie-t-elle à Apple Music. « Pour arriver à composer ces chansons, il a fallu que je fasse un important travail sur moi-même afin de trouver ma paix intérieure. Et puisque je vais bien maintenant, mes pièces ne parlent plus juste de moi. Je m’ouvre pour la première fois à ce qui m’entoure et j’y pose un regard plus lumineux et empathique. » Cette ouverture se reflète dans les thèmes abordés sur , mais aussi dans une palette sonore plus vaste : « J’ai cessé de renier mes influences, et j’ai eu envie de faire des clins d’œil à mon enfance qui a été bercée par la pop des années 90. J’ai donc un peu dévié du rock et de l’alternatif pour aller vers quelque chose qui fait du bien. J’avais besoin que ce soit doux et enrobant. » Rosie Valland nous dévoile de quelle façon est née chacune des pièces de son nouvel album. Blue « Cette chanson représente mon humeur quand j’ai créé l’album, et c’est pourquoi c’est aussi le titre de celui-ci. Je l’ai écrite en m’imaginant réconforter un ami que je verrais sombrer. Je me suis rendu compte que ce n’est pas facile de sortir des clichés quand on veut consoler quelqu’un, qu’on finit toujours par dire la même chose : ça va aller. Au final, ce sont peut-être des clichés, mais ils sont souvent vrais. » Chaos « “Chaos”, c’est un questionnement sur mon processus créatif. J’ai traversé une période difficile, mais aujourd’hui je vais mieux. J’habite en campagne et je suis en amour. Comme je n’étais pas habituée à créer alors que tout allait bien, j’ai eu peur de ne plus avoir d’inspiration. Musicalement, je me suis dirigée vers une pop organique et chargée, un peu à la manière du groupe The Smashing Pumpkins. » Forçons les tiges « C’est un hymne à notre époque, que je trouve très peu cohérente. On dénonce beaucoup, mais on agit très peu. Un matin, j’ai lu que notre génération est la plus conscientisée, mais aussi celle qui consomme le plus. Cette contradiction m’a fâchée et j’ai enregistré très rapidement cette chanson, chez moi. J’ai même gardé la voix de la démo, car l’intention y était très pure et spontanée, et je n’ai jamais réussi à la retrouver. » La plage « Avec le recul, je me rends compte que cette pièce est un hommage à Céline Dion, ce que je n’avais pas prévu. En fait, cette chanson s’est révélée à l’étape de l’enregistrement en studio. Avec le producteur Jesse Mac Cormack, on a poussé à fond les voix, les arrangements et les transitions instrumentales. » Du même sang « Je crois qu’il s’agit de la chanson la plus personnelle que je n’ai jamais composée. J’ai beaucoup hésité à l’inclure, parce que j’ai toujours fait des pièces dans le but que les gens les entendent, mais celle-ci, je l’ai écrite pour moi. Les propos sont tristes et intimes, mais j’ai décidé de m’engager dans une voie musicale contraire, avec d’immenses refrains qui évoquent la pop des années 90. » Sinon « Dans ce cas-ci aussi, on a utilisé l’enregistrement original, car l’émotion y était vive et sincère. C’est le genre de pièce que tu réussis à écrire une seule fois dans une vie : c’est clair, concis et bouleversant. Ça parle d’une rupture vécue à l’époque où j’habitais à Montréal. Avec la piste originale, on a expérimenté toutes sortes d’arrangements, pour finalement revenir très près de la version initiale. » Loin « J’y aborde ma relation avec mon corps. Je pense que malheureusement, comme beaucoup d’autres femmes, j’ai un rapport difficile avec mon apparence. Même si je sais très bien que c’est seulement dans ma tête, c’est quelque chose qui peut rendre fou. J’ai donc essayé de mettre en musique ce que je ressens à l’égard du discours ambiant et de toutes les contradictions. » Comme si « Parfois, j’écris des chansons sans savoir de quoi elles parlent. Le résultat sonne bien, mais le sens se révèle un peu plus tard. Je me suis rendu compte que celle-ci est en quelque sorte l’extension de “Loin”. Je m’exprime encore sur ma relation par rapport à mon apparence, mais cette fois, à travers le regard des autres. Ce sont donc deux morceaux qui se répondent, même si sur le plan musical ils sont aux antipodes. Ici, c’est beaucoup plus lumineux et serein. » MS « Je trouvais que “MS” clôturait bien l’album, car elle représente la quête que je poursuis à travers toutes les chansons. C’est comme une berceuse qui se veut réconfortante, où je me répète à moi-même que tout va bien aller. Le texte est assez simple, mais la mélodie est complexe. L’idée de faire ce morceau en spectacle m’effraie d’ailleurs un peu, car ma voix va dans plusieurs registres différents. »