Présence d'esprit

Présence d'esprit

Quatre ans après Beaucoup de plaisir, l’inimitable groupe Les Trois Accords est de retour pour offrir Présence d’esprit, qui reprend leur recette gagnante d’amours humoristiques, de quotidien décalé et d’exotisme coloré. Le quatuor de Drummondville a de nouveau fait appel au producteur Gus van Go et s’est rendu pour la première fois dans son studio de Toronto. « C’était particulièrement excitant de se retrouver. L’idée était d’amener toute sa tête en studio, pour être enfin ensemble, de corps comme d’esprit », a exposé à Apple Music Simon Proulx, le parolier et la voix principale du groupe. Illustré par l’image d’un vieil ordinateur et orné d’une police de caractères qui aurait eu sa place sur une affiche d’un club audiovisuel d’école secondaire des années 90, leur septième album plonge avec allégresse dans leurs influences musicales de longue date, de Weezer (« Vedette pop ») à The Cure (« Visite nocturne »). « Ça sonne parfois très nostalgique. Il y a une certaine inspiration grunge, mais on a aussi utilisé des sonorités à la Dr. Dre », a souligné le guitariste Alexandre Parr. Avec leur humour et leur pragmatisme habituels, les deux musiciens nous dévoilent Présence d’esprit, pièce par pièce. Internet Alexandre Parr : « Parfois, on peut avoir l’impression que l’Internet est un concept flou, alors on voulait bien l’expliquer. C’est important pour nous d’informer les gens. Au fond, notre musique, c’est un service public. Comme c’est une chanson phare, on a trouvé une image puissante qui la représentait bien pour illustrer l’album, une chose qu’on a souvent faite par le passé. » Simon Proulx : « J’avoue que pour moi, c’est une toune assez intense, un peu plus wild, alors je me doutais pas de l’engouement qu’elle susciterait chez les gars [Parr, le batteur Charles Dubreuil, le bassiste Pierre-Luc Boisvert et le producteur Gus van Go]. Comme plusieurs pièces sur Présence d’esprit, elle est partie d’une ligne de basse qu’on trouvait forte et autour de laquelle des mélodies se sont construites. » Costume de bain S.P. : « Je voulais que ce soit très simple, juste une chanson d’amour, en fait. Ça relate un sentiment que tout le monde a quand il tombe en amour, c’est-à-dire qu’on pense qu’on est la seule personne au monde à jamais avoir vécu ça. Sauf qu’ici, la personne tombe en amour avec son maillot de bain. Être passionnément en amour avec un objet, ça ne m’est jamais arrivé, mais j’aimerais ça que ça m’arrive. » A.P. : « On a utilisé une guitare baryton, ce qu’on avait jamais fait sauf sur “Elle s’appelait Serge” [Dans mon corps, 2009]. Le reste des guitares de l’album est plus dans les aigus, alors ça donne un son particulier à la chanson. » Le matin S.P. : « Je crois qu’encore une fois, on aborde un thème relativement central dans ce qu’on fait : l’acceptation de soi, de ce qu’on est, de ce qu’on a l’air. C’est juste une autre expression de ce désir qu’une autre personne nous prenne pour ce qu’on est. Quand la ligne “C’est de ça que j’ai l’air le matin” a surgi dans ma tête, j’avais l’impression de ne jamais avoir entendu ça dans une chanson. Je trouvais que c’était puissant. C’est une toune hyper dansante que j’ai très hâte de faire “live”. » Vol à l’étalage A.P. : « Je trouve que c’est une de nos bonnes tounes, qu’on a réussi à arranger comme si on était un band du Sud-Est des États-Unis. Le vol à l’étalage, c’est une petite activité d’après-midi qui tourne mal. On se dit toujours qu’on aurait dû aller à la bibliothèque. Bref, on fait de la prévention. » S.P. : « On a une couple de chansons inspirées de choses que des gens qu’on connaît ont vécues. Ce sont les plus imagées de l’album. Celle-ci est très pop, ça donne envie de danser, de se faire une chorégraphie, avec une chemise en soie déboutonnée jusque-là [en montrant le bas de son sternum]. » Visite nocturne A.P. : « Il y a un type de visite qui n’arrive jamais quand on l’attend : celle d’un extraterrestre. Souvent, par exemple, on a oublié d’ajouter un couvert à table… » S.P. : « … on n’a pas toujours son chapeau d’aluminium à portée de main, tsé. » A.P. : « Celle-là évoque un party qui se passe dans une maison, avec des lumières, de la musique forte. Je m’ennuie vraiment de ça. » S.P. : « C’est la première que j’ai jouée aux gars. On a eu des discussions pour savoir à quel point on rendait ça clair que c’est une chanson d’extraterrestre ou si c’était plus une chanson de visite tout court. Je trouvais ça cool de laisser un peu de flou. C’est parti d’un truc plutôt acoustique, très boisé pour parler en termes œnologiques, mais après, quand Alex est arrivé avec son riff, il nous a demandé un son spécifique et sa ligne était exactement comme ce qu’on entend sur l’album. C’était parfait, très The Cure. Ça marchait bien dans l’univers et le côté un peu mystérieux de la toune. Il y avait vraiment un sentiment d’excitation dans le studio quand ça s’est tout arrimé et qu’on est arrivés à quelque chose. C’était très satisfaisant. » Pâté chinois S.P. : « Au départ, je n’étais pas trop sûr de la présenter. Elle est un peu difficile à jouer, on n’est pas habitués d’être dans ce registre-là, mais les gars l’ont bien aimée, alors on a commencé à travailler dessus. On a fait plusieurs essais avant d’arriver à cette version-là très simple, très douce, dénudée. On voulait laisser toute la place aux paroles. Le pâté chinois, c’est vraiment un plat familial, qui fait partie de la vie quotidienne. Quand tu pars pour l’université et que tes parents te font des p’tits plats, c’est un geste d’amour. Et après, tu le fais pour d’autres. C’est une roue qui tourne. » Piscine hors terre A.P. : « Pendant l’enregistrement, à Toronto, on s’est aperçus que beaucoup d’éléments qui se trouvent dans nos cours arrière portent des noms italiens : véranda, pergola, terrazzo. » S.P. : « Je ne sais pas que ce qui s’est passé entre l’Italie et la cour, mais on s’est dit que c’était important d’en parler. On peut dire que c’est notre première chanson en italien! » A.P. : « C’est Simon qui a fait le solo avec sa guitare sèche. Il l’a enregistré avec son téléphone pour le mettre sur son laptop dans GarageBand. Il s’est éloigné le plus possible des principes d’une bonne prise de son, mais ça a donné un son vraiment imbattable. C’est parfait dans l’imparfait. » Vedette pop S.P. : « Ça parle de végétation indienne, de tigres du Bengale, de crocodiles du Gange, qui ont beaucoup de dents très apparentes. La personne dans la chanson est insatisfaite de son état et s’imagine en Inde être un animal indien. » S.P. : « C’est une vedette pop qui a une drôle de journée au bureau. Elle se fait toujours dire quoi faire et elle est un peu tannée. Beaucoup de gens aimeraient être à sa place dans la vie, mais cette journée-là, elle, elle voudrait être ailleurs. » A.P. : « C’est une toune en cinq modulations, qui a été difficile à apprendre, mais j’ai réussi il n’y a pas si longtemps. On avait commencé ça avec “Retour à l’institut” sur l’album J’aime ta grand-mère [2012]. Ça montre la gradation de la frustration du personnage, qui devient de plus en plus un animal choqué noir. » Ouija A.P. : « Cette chanson-là est vraiment comique. Tout part de la ligne “Étiez-vous la seule morte disponible?”, une question posée par les gens qui jouent à Ouija. On alterne tout le long entre deux tonalités, pour marquer que c’est un dialogue. Finalement, les joueurs se rendent compte que la morte est décédée en faisant la même chose qu’eux. Ça finit mal. Ouija, c’est un jeu dangereux. » Hypnose A.P. : « Ça parle de notre désir de devenir hypnotiseurs un jour, en suivant un cours sur Internet. Ça boucle la boucle avec la première pièce de l’album. » S.P. : « C’est une histoire vécue. C’est aussi une chanson très éclectique musicalement. En studio, j’avais amené une maquette où il y avait déjà beaucoup d’affaires et on a décidé d’ajouter encore plus d’éléments tirés d’influences différentes. Il y a des guitares flamencos, des tapements de mains… des trucs qu’on n’intègre pas normalement, mais qui, ensemble, finissent par donner une toune des Trois Accords. Et ça se termine avec un bout instrumental qu’on aimerait bien se faire voler par des rappeurs, un jour. »

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