The Paradise Club

The Paradise Club

« Je ne peux pas dire ce que je ferai sur mon prochain album. Avec moi, les choses arrivent toujours de façon naturelle », affirme Claudia Bouvette à Apple Music. Elle a beau privilégier la spontanéité et l’instinct en toutes choses, l’artiste a dû s’imposer une certaine rigueur pour créer son premier album, The Paradise Club, qu’elle a mis près de trois ans à terminer. Révélée par l’émission Mixmania en 2011, elle a fait un détour par la télé avant de refaire surface en musique en 2019, avec l’EP Cool It, dévoilant une identité pop à la fois colorée et habitée. « Ce n’était pas dans mes plans de devenir comédienne; mon but a toujours été de faire de la musique, mais le hasard a fait que j’ai décroché une audition qui a mené à cinq ans de jeu. » Son retour est largement attribuable à sa rencontre avec le producteur Connor Seidel (Charlotte Cardin, Matt Holubowski, Les sœurs Boulay), en qui elle a trouvé le partenaire créatif idéal. « Dès notre première rencontre, notre relation a été fusionnelle. Connor est beaucoup plus cérébral et cartésien que moi, ce qui est une bonne chose, mais il a surtout le don de te mettre à l’aise. » Avant d’amorcer leur processus créatif, les deux comparses se sont soumis à une discipline de travail : « En 2017-2018, on a décidé de créer 30 maquettes de chansons pour trouver le bon ton, le style qui me conviendrait. On a réussi, et de ces 30, on a gardé les 10 dernières, qui ont servi à l’EP. » Une fois la collaboration entamée, l’idée d’un album s’est vite imposée. « Pour moi, un album, c’est plus sérieux. C’est un univers complet : des textes à la musique, en passant par les visuels, je voulais que tout se tienne. » Sur des airs électropop aussi dansants que joyeux, l’autrice-compositrice-interprète fait la chronique d’amours souvent difficiles, dévoilant beaucoup de son univers personnel. « Je suis heureuse d’être allée assez loin dans l’intime. En le réécoutant, je vois un véritable arc narratif et je constate à quel point j’ai évolué », explique-t-elle. Laissez-la vous guider dans chacune des étapes de sa transformation artistique et personnelle. Welcome To the Paradise Club « J’avais envie de faire entrer les gens dans mon univers à travers une petite intro musicale. Le titre fait rêver et évoque un endroit glamour sur le bord de la plage, mais “Paradise Club”, c’est le nom que j’ai donné à mon vieil appart d’Hochelag! Les gens qui vont porter attention aux paroles vont constater que sous la musique plutôt joyeuse, ça ne va pas toujours bien. La boucle de drum un peu “cacanne”, le synthé désaccordé, ça crée un certain inconfort qui donne le ton à ce qui s’en vient. » BBZ « Je pense que ç’a été la production la plus difficile, probablement parce qu’on savait que c’était une des pièces fortes de l’album et qu’on voulait lui rendre justice. À un moment donné, on travaillait sur cinq versions différentes en même temps! Elle est inspirée d’un coup de foudre que j’ai vécu en voyage. Les rencontres en vacances, ç’a quelque chose de magique, et je me rends compte que j’ai idéalisé cette personne que je ne connaissais pas avant et que je n’ai jamais revue après. » Flowers « Les premiers mots ont été improvisés à partir d’onomatopées que j’ai l’habitude de chanter sur un beat, mais je n’arrivais pas à la finir. Alors j’ai demandé à mon amie [la compositrice et rappeuse] Emma Beko de m’aider pour le texte. J’avais cette image de fleurs dans mes poches comme point de départ, et je me souviens clairement du moment où j’ai fini la toune avec Emma. C’était par une journée d’hiver pluvieuse, on était allées travailler protégées par le toit du Pavillon japonais du Jardin botanique. C’était magique. » Douchebag « C’est un mot que j’utilise tout le temps et qui a l’avantage d’être sans équivoque. Bon, tous mes ex ne sont pas des “douchebags”, mais disons que j’ai un genre typique... Je me permets d’exprimer ce que je n’ai pas pu dire quand je vivais une situation inconfortable. Le faire en chanson, c’est très libérateur; ça m’a permis de sortir le méchant! Cela dit, même si tout mon album a un côté très personnel, je ne vais pas révéler de noms ou parler de personnes précises; je la chante pour moi et ça me fait du bien. » Miss Blumenfeld « Probablement la chanson qui m’est venue le plus naturellement. J’étais chez moi et j’ai commencé par placer une petite boucle de drum sur laquelle j’ai ajouté les instruments un par un avec mon synthé. La mélodie m’est venue toute seule, sans que j’aie à forcer, et je me suis retrouvée avec une pièce presque complète. Je l’ai terminée à l’île d’Orléans, où j’ai passé du temps pendant la période de confinement, en plein hiver. Il y avait quelque chose d’apocalyptique dans ce paysage de glace qui se transforme sans cesse, mais c’était magique; on était dans notre petit monde, loin des couvre-feux. C’est une chanson qui parle d’une renaissance à un moment où j’étais fébrile, fragile. J’avais besoin d’être seule même si j’en n’avais pas envie. » Pardon Me « On l’a écrite au tout début du processus, quand j’étais au sommet de mon inconfort. Je n’allais pas bien et ça paraît dans les paroles : ça parle du désir d’être aimé·e même dans une relation toxique. La musique est épique et grandiose, il y a un gros crescendo, mais ça contraste avec le texte plus sombre. J’ai l’impression qu’elle va être exigeante à faire sur scène; ça va me demander de me planter solidement les pieds. » I Don’t Wanna Say Goodbye « C’est sans doute la pièce la plus personnelle du projet. J’ai beaucoup de difficulté à dire au revoir aux gens, et c’est exactement ce qu’exprime le titre. Elle est peut-être plus épurée dans la production, mais il y a des petits détails amusants. Connor et moi on a saupoudré toutes sortes de petits plaisirs coupables tout au long de l’album, dont l’Auto-Tune qu’on entend ici, qui me rappelle les tounes d’Akon que j’écoutais plus jeune. Une voix traitée, manipulée, à la manière d’Imogen Heap ou de Bon Iver, ça m’émeut. » Mamie Lise « J’étais chez ma grand-mère à Montmagny et on passait un petit moment doux, à jaser et à faire des casse-têtes. Elle s’est mise à parler de la beauté des fleurs sauvages et je trouvais ça tellement beau, tellement poétique que j’ai parti mon dictaphone et je lui ai demandé de répéter sa phrase : c’est ce qu’on entend dans ce petit intermède. Elle a eu une vie hallucinante et elle m’inspire par sa façon de faire face à l’adversité avec sérénité. » Solo Night « Ça évoque une “date” vraiment médiocre avec quelqu’un qui passe la soirée à se vanter. Ça m’amène à ce constat : parfois, tout ce qu’on veut c’est de se retrouver avec soi-même ou avec ses chums de filles. J’ai réalisé que je n’avais pas fondamentalement besoin d’un chum et que les moments où je me sens le mieux, c’est quand je suis seule. Ce qui est beau [dans le fait] d’être célibataire, ce n’est pas la liberté de butiner à gauche et à droite, mais la possibilité de se retrouver avec soi-même et de s’accepter. » Solo Girl « La première fois qu’on a jammé sur “G-GIRL”, Connor, mon claviériste Caulder et moi, en 2019, j’ai enregistré la séance sur mon téléphone. On a finalement décidé d’utiliser ce démo en guise de transition entre “Solo Night” et “G-GIRL”, ça faisait un tout. Le reste de l’album est très produit alors je trouvais ça amusant de faire entrer l’auditeur et l’auditrice dans la version originale, brute de la chanson. Ç’a quelque chose de très intime; c’est comme si on invitait les gens dans notre processus de création. » G-GIRL « On traînait la maquette depuis longtemps mais c’est finalement la dernière chanson qu’on a produite pour l’album. Elle s’est faite très naturellement, en une journée, et la seule chose dont je me souvienne c’est que je voulais une grosse basse sale. Elle n’est pas très sérieuse. Ça parle de jouer la “bonne fille” le temps d’une soirée pour séduire quelqu’un qui vient d’un milieu complètement différent. Le titre est aussi un clin d’œil au personnage de superhéroïne joué par Uma Thurman dans le film My Super Ex-Girlfriend [Ma super ex-copine]. » Touchée-Coulée « Celle-là vient d’un jam avec mon ami [le compositeur] Kodakludo. Elle traînait dans mes fichiers depuis un moment et, un jour, je l’ai ressortie en voulant raconter une histoire qui, contrairement aux autres chansons, ne me concerne pas. Elle parle d’un ami qui était pris dans une relation excessivement toxique avec un pervers narcissique et qui, heureusement, s’en est sorti. » 1000 Bornes « Une autre collaboration avec Kodakludo. Au départ c’était une toune trap très intense. J’avais la voix et la mélodie mais quelque chose ne collait pas, alors Connor a proposé une approche plus simple, plus épurée, et on s’est mis à la jouer guitare-voix. Je pense que ça colle bien au texte, qui parle de se choisir, de ne jamais perdre sa flamme. L’espèce de craquement qu’on entend tout au long vient de la glace qui bouge sur le fleuve, que j’ai enregistrée pendant mon séjour à l’île d’Orléans. » I Lost My Keys & My Manners « C’est un drôle de hasard, mais les trois dernières chansons viennent de collaborations avec Kodakludo. On a tellement de plaisir à jouer ensemble; c’est toujours très spontané. Je me souviens que je venais de sortir de ma période sombre et je me foutais un peu de tout, j’étais complètement nonchalante, mais ça n’avait rien de négatif. Des fois, c’est bien de se laisser flotter. »

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