Chiac Disco

Chiac Disco

Propulsée par la chanson « Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde », Lisa LeBlanc a fait une entrée fort remarquée sur la scène musicale en 2012. Ce succès, tout comme son premier album éponyme sur lequel il figurait, était ancré dans un esprit folk rock. Sur son troisième projet, qui tranche nettement avec son travail passé, l’artiste acadienne troque le banjo et la guitare pour des arrangements de cordes et de cuivres. « Tout a commencé en pleine pandémie », raconte-t-elle à Apple Music. « Mon chum et moi, on a eu l’idée de faire des Facebook Live pour se désennuyer pendant le confinement. On faisait des genres de parodies de bingo des années 70 et on composait la musique. » L’exercice a tellement plu à Lisa LeBlanc qu’elle a donné à cette impulsion une forme plus sérieuse. Résultat : Chiac Disco est guidé par de somptueuses mélodies disco. « J’ai toujours adoré ce mouvement musical. Il reste pour moi associé à de merveilleux souvenirs de soirées passées avec des amis à avoir du fun. Comme c’est dansant, on oublie que c’est quand même un genre qui peut être assez complexe », soutient celle qui nous présente le fruit de ses étincelantes explorations, pièce par pièce. Pourquoi faire aujourd’hui « C’est vraiment pas une toune sérieuse! Je voulais créer une sorte de croisement de rock d’aréna et de disco, et le résultat est “cheezy” à souhait. Ça parle de procrastination, en se demandant pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on pourrait faire demain! On est entouré de gourous “life style”, des gens qui, à force de nous montrer combien ils sont heureux et productifs, nous mettent dans la face à quel point on n’est pas aussi bon. Moi, je m’en fous, et ça me donne juste envie de faire le contraire, c’est-à-dire rien! » Dans l’jus « Ici, je parle de “burnout”, mais en flirtant avec la caricature. Les gens sortent souvent l’excuse d’être dans le jus, mais parfois, ça peut cacher le fait que quelqu’un ne va vraiment pas bien et peut même être en dépression. Pour l’ambiance musicale, c’est “over the top”, mais complètement assumé, avec de grosses envolées de cordes et des arrangements romantiques, voire dramatiques. » Entre toi pi moi pi la corde de bois « Un peu dans la continuité des deux précédentes, je traite du fait de se pousser jusqu’à l’épuisement. Même si plein de monde vit une situation de “burnout”, on le vit souvent tout seul de notre côté. On est trop brûlé pour voir clair, on ne veut pas se plaindre, parce qu’on se dit qu’on devrait être content de ce qu’on a. C’est comme si on était aspiré dans un cercle vicieux de contradictions de toutes sortes. Je trouve que le sujet est encore tabou. » Gossip « Je viens de Rosaireville, un mini village acadien de 50 personnes. Pas trop loin, il y a Rogersville, une localité un peu plus grosse où je suis allée à l’école. Ces places, je les aime de tout mon cœur, et cette toune-là, c’est un hommage à ces endroits. “Gossip”, c’est ce qui se dit au Tim Hortons du coin. Si tu veux être au courant de ce qui se passe, tu vas dans ce lieu d’où viennent toutes les rumeurs du village! Musicalement, la pièce verse dans le funk, un peu à la James Brown ou à la Frantique. » Veux-tu rentrer dans ma bubble? « Celle-là s’est un peu imposée à cause de la COVID. Quand j’étais au Nouveau-Brunswick pendant le premier confinement, on avait le droit de se créer une bulle avec une autre famille. C’était bizarre comme situation, parce qu’on devait choisir avec qui on voulait se “matcher”. D’un côté, on voulait pas être les “loosers” que personne choisit (comme en éducation physique quand on était ados!), et de l’autre, on voulait pas faire de peine à personne en les choisissant pas. Mais finalement, parce que je ne suis pas vraiment une fan de toune de COVID, j’en ai fait une pièce “feel good”, pour danser, chanter et faire les fous. » La poudre aux yeux « Cette chanson-là joue sur la mince ligne entre ce qui est vrai et faux. Des fois, tout n’est qu’une question de perception : on peut ne pas tout à fait tomber dans le mensonge, sans être complètement honnête non plus. Avec les arrangements, j’ai voulu rendre hommage à Lee Hazlewood, qui est un de mes réalisateurs préférés. Il a aussi fait de super beaux albums comme artiste solo. J’ai fait de mon mieux pour être à la hauteur! » Le menu acadien « Sur une musique qui fait penser à la trame sonore d’un film érotique des années 70, je nomme tout au long de la chanson des noms de mets typiquement acadiens, comme si je lisais un menu. Je joue sur les contradictions en enrobant d’élégance l’évocation d’une gastronomie qui, de prime abord, n’a rien de très appétissant! Ce sont des plats que moi, j’adore, auxquels je suis très attachée, parce qu’ils font partie de ma culture, de mes racines. Mais disons que le beige et le brun priment dans l’assiette. » Gossip II « C’est évidemment la suite de “Gossip”. Alors que la première s’attardait à ce qui se passe aux tables du Tim Hortons, celle-là reflète le genre de conversations qu’on a dans la file, avant de commander son café… Du “small talk” sympathique entre voisins. La musique, elle, est un clin d’œil à La Nouvelle-Orléans. Par le passé, je me suis souvent inspirée du côté cajun de cette culture, mais cette toune va plutôt du côté de la tradition des “marching bands” avec, notamment, des cuivres. Il y a aussi un aspect rock assez présent. Donc, c’est comme si une fanfare rencontrait Black Sabbath! » Tite gêne « Pour élaborer celle-là, je suis partie de mon amour pour l’afrobeat et je me suis particulièrement inspirée de Wiliam Onyeabor, un artiste nigérian que j’adore. C’est un peu la “weirdo” de l’album… elle est presque prog! Quant aux paroles, elles baignent dans le même esprit que celui de “La poudre aux yeux”, mais cette fois, j’aborde le thème de la confrontation. Tout le monde a une façon différente, bonne ou moins bonne, de “dealer” avec ça. C’est jamais facile, mais il faut savoir se garder une petite gêne, trouver les approches les plus diplomates de faire et de dire les choses. » Me semble que c’est facile « Avec ses paroles plutôt intimistes, j’aurais pu faire cette toune-là en mode guitare-voix. Mais encore une fois, j’ai eu envie d’aller vers une ambiance à la Lee Hazlewood, avec des envolées de cordes, dont les arrangements sont signés Antoine Gratton. C’est ce qui rend cette chanson d’amour vraiment grandiose. J’y parle d’une histoire qui est plus qu’un feu de paille, où tout est simple, beau et facile. »

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