Dangerous Levels of Introspection

Dangerous Levels of Introspection

« Quand on a la chance de gagner sa vie en écrivant des chansons, je pense qu’on a aussi la responsabilité de voir le beau côté des choses, même quand c’est difficile, et de le traduire en chanson », explique JP Saxe à Apple Music. « Et en faisant ça, on aide aussi les autres à traverser des moments difficiles et à voir le beau côté des choses. » Il n’y a aucun doute que pour ce premier album, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Toronto et établi à Los Angeles a puisé dans les deux extrêmes du spectre émotionnel. En 2019, « If the World Was Ending », une ballade au piano interprétée en duo avec Julia Michaels, a non seulement débouché sur une vraie relation amoureuse entre les deux artistes, mais elle est aussi devenue un phénomène des palmarès internationaux qui a valu à Saxe sa première nomination aux GRAMMY et une victoire aux JUNO. Sauf qu’au moment même où l’étoile de Saxe était en ascension fulgurante en 2020, il a perdu sa mère. « J’ai beaucoup grandi en très peu de temps », confie-t-il. Mais sur Dangerous Levels of Introspection, Saxe navigue courageusement – la plupart du temps avec le cœur sur la main, mais parfois avec un côté pince-sans-rire – à travers les hauts et les bas de la vie en regardant droit dans les yeux l’humour malaisant qui accompagne souvent nos moments les plus solennels. Le succès monstre qui l’a lancé en est d’ailleurs un exemple parfait alors qu’il chante : « If the world was ending, you’d come over, right? » (librement : « Si c’était la fin du monde, tu viendrais me rejoindre, “right”? »), transformant d’un seul coup un élan romantique en quelque chose d’ambigu et incertain. Rarement un seul mot, ce « right », aura-t-il autant changé la perspective d’une chanson. Et au-delà du simple journal intime ponctué d’événements marquants, l’album est aussi une mosaïque chatoyante de ses influences musicales qui vont de Count Basie à George Harrison, en passant par U2, Frank Ocean, John Mayer et Maren Morris – ces deux derniers ayant également participé au projet avec des collaborations. Suivons notre guide alors qu’il nous propose une visite parfaitement sécuritaire de chacune des pièces de Dangerous Levels of Introspection. 4:30 In Toronto « Sur “4:30 In Toronto”, je raconte comment je ne me sentais plus vraiment chez moi dans ma ville natale. Je devais dormir à l’hôtel parce que ni mon père ni ma mère ne pouvaient m’accueillir, étant donné qu’ils vivaient tous les deux dans un appartement trop petit. Ça fait aussi référence à une personne avec qui je me sentais chez moi quand j’étais de passage et comment, maintenant, je ne peux plus me sentir chez moi à Toronto ou avec elle. Dans les deux cas, c’est un passé auquel je n’ai plus accès. Je dirais que le moment où “4:30 In Toronto” a vraiment pris forme, c’est une nuit, vers trois heures du matin, où je n’arrivais pas à dormir dans mon hôtel de Queen West. J’ai décidé de prendre ma voiture de location et de remonter l’autoroute 400 jusqu’à [la banlieue de] King City pour voir de quoi avait l’air mon ancien quartier. Quand je suis arrivé là où aurait dû être la maison où j’ai grandi, j’ai vu la structure la plus laide qui soit. » Like That « Julia et moi on travaillait sur nos albums et on s’est dit qu’ils étaient terminés en même temps. Mais un soir, vers deux heures du matin, on était dans notre salon et on a ressenti une intense insécurité. On s’est demandé s’il n’y avait pas moyen de les rendre juste un peu meilleurs, même si on avait déjà écrit presque une centaine de chansons! On s’est donc dit qu’on allait prendre deux jours et voir ce qui en ressortirait. En fin de compte, on a pondu le premier extrait de son album à elle [“All Your Exes”, tiré de Not in Chronological Order (2021)] et le premier du mien. Cette chanson semblait le bon point de départ pour présenter mon travail au public. » More of You « Chronologiquement, “More of You” se passe six bons mois avant l’histoire de “Like That”. Ça décrit ce moment où tu réalises avec surprise que l’amour peut prendre une autre forme que celle que tu connaissais et que ça ouvre plein de possibilités. Il y a un émerveillement très enfantin lorsque tu découvres une personne qui redéfinit ce que l’amour veut dire pour toi. Il faut se donner la permission de ressentir ces nouvelles choses quand on découvre une nouvelle vie, même si des fois c’est troublant. Quand je dis : “You scare me, but I’m not afraid of it” (librement : “Tu me fais peur, mais j’ai pas peur de cette peur”), ce que je veux dire c’est que la situation est un peu effrayante, mais que je vais quand même la vivre pleinement parce que j’ai envie de ressentir quelque chose de nouveau. » Here’s Hopin’ « Celle-là a un côté nostalgique pour moi, car quand John Mayer est venu au studio pour écouter l’album, “Here’s Hopin’” est une des chansons qui est vraiment venue le chercher, assez pour lui donner envie d’y ajouter une piste de guitare. Son album Continuum est une des raisons qui font que je suis un auteur-compositeur aujourd’hui, alors de l’avoir comme artiste invité sur mon album, c’est juste malade! » I Shouldn’t Be Here « C’est vraiment par pur hasard que “I Shouldn’t Be Here” s’est retrouvée sur l’album. J’utilise une app de journal intime qui m’envoie de temps en temps des notifications du genre : “Aujourd’hui, il y a deux ans, tu as écrit ceci.” Des fois, ces rappels sont merveilleusement nostalgiques, mais d’autres fois ils sont assez douloureux, émotionnellement. Bref, il y a environ un an, j’en ai reçu un : je l’ouvre et c’est le texte de “I Shouldn’t Be Here”. Je le trouve drôle, mais en même temps, je suis convaincu que je n’arriverai jamais à en faire une chanson. C’est important d’être sincère, mais j’ai l’impression que là, ça va trop loin. Un peu plus tard, le même jour, je regardais une entrevue avec Phoebe Waller-Bridge à propos du tournage de [la série Netflix] Fleabag et elle disait qu’elle sait toujours qu’une scène ne doit pas être coupée au montage si elle lui fait peur. La raison, selon elle, c’est que si elle a peur, c’est qu’il y a une dose supplémentaire d’humanité dans la scène. Je me suis donc dit que je n’avais pas le choix d’écrire une chanson avec “I Shouldn’t Be Here”. Elle m’a un peu fait peur par sa sincérité, ce qui veut dire que c’est précisément le genre d’art que je dois créer. » Dangerous Levels of Introspection « Ça, c’est ma façon de dire que la nostalgie peut vraiment détruire ta vie si tu fais pas attention. J’ai écrit ça avec Greg Kurstin et Amy Allen. Elle et moi on se remémorait quand on est arrivés à Los Angeles. J’ai sorti quelque chose du genre “on s’approche d’un niveau dangereux d’introspection” et on a trouvé ça très drôle. Les choses qui te font rire durant une séance de création en disent long et pointent souvent dans la direction où tu devrais aller. Au début, je pensais que c’était prétentieux comme titre, mais je me suis dit : “Pourquoi pas? Voyons où ça nous mène.” Je trouve qu’on a fini avec une chanson qui englobe les grands thèmes de l’album. Selon moi, il y a un certain niveau d’analyse émotionnelle qui te permet d’être plus en contact avec ta propre vie, d’être plus proche des gens que t’aimes et plus proche de toi-même; ça rend la vie plus agréable. Mais après, il y a un autre niveau qui peut vraiment ruiner ta vie parce que t’es tellement occupé à analyser tes émotions que t’as plus le temps de les vivre. Je pense que cet album se trouve juste à la jonction de ces deux pôles. » If the World Was Ending (feat. Julia Michaels) « Ne pas inclure sur mon premier album cette chanson qui a changé ma vie aurait été une grosse erreur. Je suis infiniment reconnaissant que la pièce qui m’a permis de rencontrer autant de gens représente exactement le genre de musique que j’ai envie de faire pour le reste de ma carrière. Imagine-toi si mon premier succès n’était pas le genre de chanson que je veux lancer et qu’au moment de faire mon premier album, je me disais : “Merde, j’ai pas envie de refaire ça!” C’est probablement ma préférée de toutes celles que j’ai écrites jusqu’ici. Comment veux-tu que je n’aime pas la chanson qui m’a permis de rencontrer mon amoureuse et d’être finaliste aux GRAMMY? Je ne pense pas qu’il y aura un autre jour dans ma vie qui aura un impact aussi profond que le jour où j’ai rencontré Julia et qu’on a écrit “If the World Was Ending”. Je suis tombé en amour avec cette chanson dès le moment où j’ai entendu la démo que [le producteur] Ben Rice m’avait envoyée. Je l’aime encore autant, sinon plus, parce qu’elle m’a permis d’échanger pendant un an et demi avec des gens partout dans le monde sur le fait que l’amour est plus important que toute la merde qui se met en travers de notre chemin. » Tension « “Tension”, c’est le bout de l’album où on sent tout mon amour pour le rock & roll. Je hurle carrément sur cette pièce! Il m’a fallu un moment pour être à l’aise avec ça, car pendant longtemps, j’étais convaincu que ma façon de m’exprimer en tant que chanteur était avec un ton décontracté. Sauf que j’ai découvert que c’était agréable de laisser aller mon côté réservé habituel et de juste gueuler. » What Keeps Me From It « Il y a deux moments sur cet album où je trouvais important de retourner à la source, à ce qui m’a fait tomber en amour avec la musique et l’écriture. Le premier, c’est “I Shouldn’t Be Here” qui est juste moi, “live” à la guitare, et l’autre, c’est “What Keeps Me From It” qui est juste moi au piano. Je pense que cette chanson aurait été ma préférée à 17 ans. À cette époque, j’écoutais plus Bill Evans, Keith Jarrett et Oscar Peterson que de la pop. Là, je me suis permis de montrer ce côté de moi. La mélodie qui suit le refrain vient de “Good Bait”, une pièce de Count Basie et de Tadd Dameron qui remonte à environ 80 ans. » For Emilee « Sur “What Keeps Me From It”, je réfléchis à ma propre situation tandis que sur “For Emilee”, j’observe une amie vivre sensiblement la même chose et je tente de lui offrir un peu de ma perspective. On voit toujours plus clair quand il n’est pas question de nos problèmes. Emilee existe vraiment, c’est ma meilleure amie et elle m’a permis d’utiliser son nom. Elle adore cette chanson. “For Emilee”, c’est le morceau pour le monde qui a le cœur en miettes. C’est la seule où je parle d’une situation qui n’est pas la mienne. J’espère que plein de gens qui écoutent ma musique se sentiront comme la Emilee à qui je m’adresse. » Line By Line (feat. Maren Morris) « Je suis un fan fini de Maren Morris – c’est une autrice-compositrice-interprète hallucinante! Il se trouve qu’on a une expérience commune : être en amour avec un autre auteur-compositeur, alors on a jasé de ça. Sauf de très rares exceptions, mes collaborations préférées sont celles qui partent d’une conversation. C’est très fluide, la frontière entre le moment où tu fais juste jaser avec quelqu’un et le moment où tu commences à écrire une chanson. Quand j’écris seul, dans le fond, c’est un dialogue avec moi-même que je note dans mon journal intime. Quand j’écris avec quelqu’un, c’est le fruit d’une discussion et cette chanson-là, c’est le résultat de notre jasette. Ça faisait juste deux jours que j’étais à Nashville quand j’ai écrit ça et ma toute première session à Nashville était avec Maren Morris – on a vu pire comme première fois! » A Little Bit Yours « Celle-là est restée longtemps en suspens parce que je pensais ne pas être capable de chanter le refrain. J’étais en studio avec Ben Rice pour mettre la touche finale aux pistes de voix de “Explain You” [tirée du EP Hold It Together (2020)] et je lui ai fait écouter ça en lui expliquant que j’adore cette chanson, mais que je ne peux pas chanter aussi haut. Il m’a répondu : “Mais oui, t’es capable!” Nous voilà donc dans un studio à L.A. pendant que j’essaie d’apprendre à chanter ça. Ben m’a mis tellement à l’aise et en sécurité que je me suis lancé dans quelque chose que je pensais impossible, et j’ai réalisé que c’est vraiment le fun de faire ça! Sans cette chanson, “Tension” – où je me transforme en Lewis Capaldi pendant quelques secondes – n’aurait jamais pu exister. Le prérefrain de “A Little Bit Yours” est un de mes préférés grâce à la phrase “All I do is get over you and I’m still so bad at it” (librement : “Tout ce que je fais c’est essayer de t’oublier, mais je ne le fais vraiment pas bien”). C’est vraiment simple, mais ça résume tellement bien une idée avec laquelle je me débattais depuis un bon bout de temps. C’est une des dernières chansons de rupture que j’ai écrites avant que les choses tournent pour le mieux. » Sing Myself To Sleep « Les quatre dernières pièces de l’album parlent des relations et des situations qui ont fait de moi qui je suis. Il y en a une à propos d’une ancienne relation dans laquelle j’ai été pendant très longtemps [“A Little Bit Yours”], une chanson sur mon groupe d’amis [“For Emilee”] et une sur mon couple en ce moment [“Line By Line”]. Celle-ci parle de ma maman. “Sing Myself To Sleep” est sans aucun doute celle où j’ai pris le plus de temps pour trouver ce que je voulais dire. Je savais que si je ne parlais pas de ma maman sur mon album, ça serait une grosse erreur – perdre ma mère en janvier 2020 est de toute évidence l’un des événements les plus marquants de ma vie. Pendant très longtemps, je ne savais pas quoi dire, mais quand j’ai fini par écrire “Sing Myself To Sleep”, tout est arrivé très vite. J’ai pondu ça à Nashville avec Mike Elizondo et Audra Mae – c’était le point culminant de huit mois d’écriture dans mon journal intime, résumés dans une session de 45 minutes où toutes ces bribes de mon journal qui formaient le noyau de mes émotions sont devenues un tout cohérent. »

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