Musivision

Musivision

Révélée par le concours Les Francouvertes en 2017, Laurence-Anne est une artiste en constante mutation. Après des débuts plutôt folk, elle aborde maintenant un registre indie rock rehaussé de touches planantes, parfois psychédéliques. Avec son deuxième album au titre cinématographique, l’autrice-compositrice-interprète nous invite à voir le monde en Musivision, en plongeant dans un univers où le groove se fond dans des ambiances éthérées et oniriques. « Le titre est venu comme une blague, inspiré des lunettes roses que je portais en studio », raconte la chanteuse à Apple Music. « Mais il a fini par devenir une évidence. Je suis autodidacte et je parle plus en couleurs et en images qu’en notes. La Musivision, c’est ma manière de voir la musique à travers les lieux et les espaces. » Entourée des musiciens présents sur Première apparition (Naomie De Lorimier, David Marchand et Ariel Comtois), du producteur Félix Petit (Les Louanges), du guitariste Julian Perreault et du batteur Samuel Joly, elle s’est installée dans le studio-résidence B-12, à Valcourt, après une période de travail solitaire. « Je me suis isolée dans un petit chalet en Gaspésie et, plutôt que de composer à la guitare comme pour Première apparition, j’ai conçu toutes mes maquettes à partir de petits claviers Casio avec lesquels j’ai pu créer des chansons presque complètes. » Ponctuées d’intermèdes instrumentaux parfois déroutants, ces nouvelles chansons font le grand écart entre l’intime et le cosmique. Ouvrez grands les yeux et les oreilles et laissez-vous porter par la vision de cette artiste unique, pièce par pièce. Indigo « Tout l’album m’a permis d’explorer une autre partie de mon registre vocal, et cette chanson-là est probablement celle où je chante le plus haut. Elle a un petit côté mélancolique. En fait, elle a commencé par un poème que j’avais écrit à mon réveil, alors que j’étais encore dans un état proche du rêve. C’est rare que je fais ça, mais j’ai décidé de la sortir de mon carnet et de faire une musique sur cette histoire bizarre qui parle d’un événement énigmatique liant le destin de deux personnes inconnues. Pour moi, l’indigo, c’est la couleur du mystère. » Musivision « C’est le souvenir d’une drôle de soirée passée au studio B-12. On avait trouvé un vieux haut-parleur défoncé, une table tournante et une pile de vinyles au sous-sol, et on a branché tout ça pour voir si ça fonctionnait encore. Le son qui en est sorti était noyé dans la distorsion et ça donnait une couleur étrange à tous les disques qu’on mettait. On a adoré et on a commencé à danser. Pendant ce temps-là, notre technicien de son a décidé d’enregistrer ça sans nous en parler. Quand il nous l’a fait entendre plus tard, on s’est dit qu’il fallait absolument que ça se retrouve sur l’album. » Nyx « C’est la suite de “Musivision”. Après cette soirée à écouter des vieilles tounes disco, on a eu envie de faire une chanson dans le même esprit. Sur la maquette, elle avait une tout autre couleur, puis on lui a donné un arrangement et un titre complètement différents. Il y a ici une thématique spatiale, astrale qu’on retrouve un peu partout sur l’album. » Passerelle « Il s’agit d’une autre idée spontanée. On venait d’enregistrer “Cachette”, et en sortant sur le balcon on a continué de fredonner la mélodie, qu’on a enregistrée sur un iPhone. On a passé le reste de la soirée à se promener dehors et à enregistrer un tas de trucs sur nos téléphones : des sons ambiants, des conversations lointaines. J’adore ajouter ce genre d’éléments à mes chansons; je trouve que ça apporte beaucoup d’ambiance. » Strange Feeling « C’est la première pièce que j’ai écrite en anglais. Je revenais d’un voyage durant lequel j’avais parlé uniquement en anglais et c’est sorti spontanément comme ça. C’est très inspiré par Julee Cruise : il y a une douceur mais aussi un côté vraiment étrange. Ça parle de s’imaginer dans la tête de quelqu’un d’autre, de chiller en voyant le monde à travers ses yeux. Je me représente cet espace-là comme une espèce de grand hall avec un plancher à damiers et des grandes tentures rouges, exactement comme dans Twin Peaks. » Mars8 « J’ai créé l’album à Marsoui, en Gaspésie, et mes titres de travail pour les maquettes étaient “Mars1”, “Mars2”, “Mars3”, etc. Celle-là a gardé son nom parce que le jeu de mots “Marsoui-Mars huit” m’amusait. Musicalement, on a improvisé des sons en profitant d’un des nombreux espaces à aire ouverte du studio. On s’est placés à différents endroits, de manière à ne pas pouvoir se voir, et on a fait du bruit avec ce qu’on avait sous la main. Ariel bougeait ses mains dans un tas de roches, Sam se promenait avec un fil dont il faisait glisser la fiche sur des lattes de bois, Nao jouait de l’orgue et moi je tapais sur un gros tambour. » Tempête « Cette chanson est 100 % inspirée par le temps qu’il faisait le jour où je l’ai composée. Il y a eu une tempête de neige complètement folle à Marsoui. Au départ, c’était la pièce qui me plaisait le moins. Je pense que je me jugeais de commencer une chanson par le refrain; je trouvais ça trop “mainstream”, trop pop. Mais j’adore l’ouverture qu’il y a à la fin du morceau, avec ce solo de guitare qui rappelle Fleetwood Mac. Ce moment-là est probablement le plus lumineux de l’album : on est tout de suite après la tempête. » Romance « Une autre improvisation faite en studio. On était en pause et Nao s’est installée au piano, puis David est allé vers sa pedal steel. Ils se sont mis à jouer, puis je me suis approchée du piano et j’ai commencé à chanter. On a vite senti qu’on avait quelque chose qu’on ne voulait pas perdre, mais les techniciens n’étaient pas prêts, alors on l’a jouée en boucle jusqu’à ce qu’ils réussissent à placer les micros. Ce qu’on entend sur l’album est la seule prise qu’on a enregistrée et on l’a gardée dans sa version originale. » Quelques lunes « Une autre pièce à thématique spatiale... C’est la seule chanson de l’album que j’ai composée à la guitare. Elle est très inspirée des mélodies de Cocteau Twins, un groupe que j’ai découvert récemment, que j’ai écouté en boucle et que j’avais en tête au moment de composer. Cette formation a été une vraie révélation pour moi; j’adore sa manière de créer des ambiances enveloppantes. » Pajaros « Ça veut dire “oiseaux” en espagnol. Ça aussi c’est une première, même si c’est une langue que je maîtrise assez bien car j’ai vécu un an au Mexique quand j’avais 17 ans. Je l’ai composée dans les premières semaines de la pandémie. Je venais de contacter un ami mexicain pour savoir comment il vivait la situation, et j’étais en train de travailler les dernières chansons de l’album. J’avais une mélodie sur laquelle je n’arrivais pas à mettre un texte en français, alors j’ai commencé à chanter des mots en espagnol et j’ai tout de suite adoré la sonorité différente que ça apportait. » Cachette « J’ai failli ouvrir l’album avec cette pièce. C’est une reprise du thème de “Passerelle” – on a d’ailleurs enregistré les deux le même soir. C’est une des musiques que j’ai composées au retour d’un voyage en Jordanie, et je pense que je me suis laissé influencer par les mélodies moyen-orientales. J’ai écouté beaucoup de musiques du monde ces derniers temps, notamment éthiopienne et turque, et je crois qu’il y a un mélange de tout ça ici. » Soleil de cauchemar « Elle a un rythme presque afrobeat, assez dansant, joyeux et lumineux. Mais il y a aussi un côté étrange. J’adore ce genre de contradictions. La version démo était beaucoup plus expérimentale, je découvrais mes claviers et je faisais un tas de sons bizarres. Au départ, il y avait du texte du début à la fin, mais j’ai décidé de presque tout enlever afin de créer une espèce de tension musicale qui monte jusqu’à l’apparition des paroles. » Géo « Pour moi, c’est un vrai générique de fin, et c’est surtout un écho d’une pièce intitulée “Géographie”, qui se retrouve sur le EP Accident que j’ai lancé à l’été 2020. Les trois chansons qu’on y trouve auraient dû figurer sur l’album, mais la pandémie a un peu modifié mes plans. C’est un clin d’œil qui me permet de boucler la boucle entamée par le mini-album. »

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