The Ends

The Ends

« Je crois sincèrement qu’on est le meilleur groupe au monde », dit Densil McFarlane à Apple Music. Le chanteur et guitariste de The OBGMs (alias The oOohh Baby Gimme Mores) ne donne pas de simples entrevues : chacune de ses réponses est un sermon où il projette une telle confiance en lui qu’il ferait passer Liam Gallagher pour un gars humble. Mais pour le chanteur, cette arrogance va au-delà de la fanfaronnade : c’est une stratégie de survie psychique. Même si son groupe est actif en marge de la scène indie torontoise depuis la fin des années 2000, et a fait paraître un EP ainsi qu’un album, The Ends représente la véritable naissance de The OBGMs aux yeux de l’artiste, après une longue période de doute pendant laquelle il a songé à quitter la formation pour se lancer en solo. Mais au lieu de se séparer, The OBGMs ont fait peau neuve en réduisant le quatuor dance punk armé de synthés à un power trio rock garage (avec l’aide de leur ami Stefan Babcock de PUP). C’est le son d’une décennie de frustrations – qu’elles proviennent de la lutte pour sauvegarder un groupe souffrant d’un manque de reconnaissance, ou du racisme dont les membres sont victimes en tant que Noirs se produisant dans des salles majoritairement blanches – déchaînées dans un rugissement inspiré des White Stripes et de Nirvana à l’état sauvage. Mais la nature combative des textes de Densil McFarlane s’apparente davantage à l’esprit sans concession du gangsta rap qu’au grunge pétri de haine de soi, et donne un croisement rap rock nouveau genre qui se préoccupe moins de combiner rimes et riffs que de fusionner attitude et énergie. « En tant que Noir, j’ai le hip-hop dans le sang, et ça va transparaître dans tout ce que je vais faire », dit le chanteur. « Mais j’essaie de sortir du cadre. On n’écoute pas qu’un genre de musique, donc comment en choisir un seul? Vous voulez appeler ça du rap rock? Ça me va. Mais personnellement, je me considère comme une vedette rock. » Densil McFarlane nous explique pièce par pièce pourquoi The Ends n’est que le début. Outsah « Je me demandais comment faire une chanson qui exprimait ce que je ressentais en peu de phrases. Cette pièce est une déclaration d’intention. En studio, on l’avait pratiquement terminée, mais on disposait encore de quelques jours, et j’ai invité mon ami Roberto Molina du groupe TOnX. Il a ajouté des bongos, et [le producteur] Dave Schiffman qui était aux commandes a fait des ajustements. On avait prévu de mettre la batterie en intro, mais il l’a déplacée au début du premier couplet. Après ça, il a fait une pause, et il a dit : “C’est comme ça qu’on commence un album!” » Cash « Je m’amusais avec ce riff depuis des années – je l’avais mis dans une autre chanson, avec d’autres paroles. Mon problème, c’est que j’écris jusqu’à la dernière limite, jusqu’à la minute où on doit enregistrer. J’ai donc réécrit cette chanson après avoir fait “Outsah”, et je me suis dit : “OK, on fait des déclarations, maintenant.” Cet album avait pour thème la fin de toutes choses, mais aujourd’hui, il évoque les prémisses de la façon dont je veux être perçu. Je n’ai pas envie que les gens pensent qu’on est juste de passage; on a mérité notre place. On n’essaie pas d’être le meilleur groupe indie jamais connu. On vise le firmament. Il faut que vous sachiez que quand vous nous verrez, on vous demandera de ne pas faire de niaiseries. On veut le “cash”! » All My Friends « Dans cette pièce, je me raconte des mensonges, les gens qui m’entourent mentent aussi, et je ne sais pas à qui faire confiance. Mais je sais que j’ai ma blonde, et qu’on se soutient. Tant qu’on sera ensemble dans cette voiture, on continuera de rouler, même si on doit finir par tomber en bas de la falaise. » Fight Song « Je ne pense pas qu’un artiste en particulier me donne envie de dire : “C’est cool, c’est ça que je veux faire”, pour ensuite le copier. Je dirais que ce qui m’attire surtout, c’est ce qu’il est nécessaire de faire pour que les gens vous remarquent. Et c’est valable pour un tas d’artistes de styles différents, que ce soit JAY-Z, Beyoncé, Pharrell Williams, N.E.R.D ou Kurt Cobain. Sans qu’ils aient à prononcer un mot, leur musique et leur image captent immédiatement votre attention. Et je crois que je veux m’en inspirer. On innove, là. » Not Again « Je suis le chanteur de The OBGMs par défaut. Ça n’a jamais été mon intention. Quand on a commencé, on a auditionné des chanteurs pendant très longtemps. Je n’ai jamais suivi de cours de chant, mais je me suis amélioré avec les années. Et j’ai été capable de montrer ce que j’ai appris sur cet album : projeter ma voix de façon cool, changer ma prononciation, et faire basculer une chanson en modifiant ma cadence pour faire durer le plaisir. Finalement, c’est une pièce plutôt classique; l’objectif était de montrer aux gens qu’on pouvait faire des choses différentes, et de voir le niveau d’adhésion qu’on obtiendrait en figurant dans des listes de lecture rock ou punk. Mais ce qui fait qu’elle sort du lot, c’est ce que je fais avec ma voix à la fin, qui est très cool. » Triggered « C’est une des premières chansons que j’ai écrites quand je suis revenu à la musique. Je m’enlise toujours dans la première phrase : comment faire pour qu’elle nous accroche? Là, je chante : “zin zin zin zin zin zin!” Personne ne ferait une chose pareille! C’est à ce moment-là que l’album a commencé à prendre forme, et j’ai pensé : “Je veux qu’on soit moins tendres. Les gens ne savent pas où on est rendus. On ne va pas s’agiter éternellement sur cette musique insouciante et pleine d’entrain.” Au lieu de me regarder dans le miroir – je pense l’avoir assez fait –, il est temps pour moi de considérer que le problème, c’est vous. » Wtfru « Le problème qu’on rencontre souvent, c’est la remise en question de notre place ici, dans la musique rock. Je suis quelqu’un d’extrêmement anxieux, donc à chaque fois que The OBGMs sort une chanson, je lis absolument tout ce qui s’écrit sur nous. Et souvent, les commentaires ressemblent à : “C’est cool, mais c’est pas du rock” ou “Ils sont cool, mais ils ne sont pas assez ceci ou pas assez cela.” Et ça provient souvent de gens racistes. Ils pensent qu’on n’a rien à faire ici, et c’est très important de leur répondre : mais pour qui tu te prends (“who the f**k are you”, ou “Wtfru”)? Et qu’est-ce que tu vas faire quand je viendrai te demander des comptes? Quand on croit en quelque chose, on doit rester debout et être inflexible, y croire furieusement, jusqu’au bout. » Karen O’s « Ma méthode, pour composer, c’est d’enregistrer les rythmes dans mon téléphone. Et en général, je me dis que c’est la meilleure chanson de tous les temps... Puis j’entre en studio et le résultat n’est pas aussi fameux. Juste avant d’enregistrer cette pièce, c’était ma préférée sur l’album, et dans la voiture, j’écoutais Show Your Bones des Yeah Yeah Yeahs. Au départ, les paroles étaient différentes – ça parlait de mon admiration pour Karen O et son groupe. C’est une des chansons dans lesquelles j’ai modifié tout le texte après avoir écrit “Outsah”, parce que je me suis dit : “Je ne peux pas dédier des chansons à d’autres groupes; cet album doit être une ode à nous-mêmes.” Mais j’ai conservé le titre, parce que quand j’ai commencé à écouter du rock, les Yeah Yeah Yeahs me faisaient vraiment triper. Et le hook “yeah, yeah, yeah” est un clin d’œil. » To Death « On est arrivés en studio avec l’intention de faire une pièce acoustique, comme “Paranoid Paranoia”, qui figure sur notre premier album [The OBGMs, 2017]. J’ai loué une superbe guitare acoustique, et Schiffman m’a dit : “Débarrasse-toi de cette merde! Va chercher ta guitare électrique!” Et la pièce s’est avérée bien meilleure que ce que je pensais. Cette chanson correspond à une période où ma vie amoureuse était un joyeux bordel, où tout dérapait sans que je n’y sois pour rien. J’avais envie d’appeler l’album To Death (librement : « À mort ») après avoir fait cette pièce, parce qu’à chaque fois que j’y pensais, c’est le thème qui me venait à l’esprit : le dernier tour de piste, la conclusion. Mais ç’a évolué vers quelque chose de bien plus profond. » Move On « J’étais perdu. Vous parlez à quelqu’un qui croyait – et qui croit peut-être encore – être John Lennon. C’est frustrant de se penser super bon, et de constater que le public n’est pas au rendez-vous. Cette chanson parle de surmonter le sentiment d’être un raté et d’avoir perdu 13 ans de ma vie à la poursuite d’un rêve que j’estime mériter. J’aimerais vraiment dépasser ce stade, et arriver au moment où on est enfin acceptés et reconnus. »

Clips vidéo

Choisissez un pays ou une région

Afrique, Moyen‑Orient et Inde

Asie‑Pacifique

Europe

Amérique latine et Caraïbes

États‑Unis et Canada