Endless Summer Vacation

Endless Summer Vacation

Mais qui est vraiment Miley Cyrus ? Est-elle seulement la fille d’une référence de la country, devenue enfant star puis provocatrice de la pop, twerkant lors des cérémonies de remise de prix et adressant un doigt d’honneur aux critiques ? Ou bien est-elle une experte en ballades émotionnelles, pourvue d’une voix poignante, capable de catapulter des hymnes tels que « The Climb » en 2009 tout en haut des classements ? Ou peut-être est-elle une rock star en devenir, comme elle le laissait présager sur le trippant Dead Petz, un album collaboratif avec The Flaming Lips, et sur Plastic Hearts, en 2020, où sa Joan Jett intérieure prenait le dessus ? Ne vous laissez pas distraire par ses identités changeantes, Miley Cyrus est avant tout une artiste dotée d’une formidable musicalité. Sa nature agitée et kaléidoscopique constitue une vraie force : c’est ce qui lui permet d’être une des pop stars les plus attachantes et les plus pérennes du moment. Avec son huitième album, Endless Summer Vacation, Miley Cyrus démontre même que toutes ses facettes ne sont pas incompatibles. La pop star s’entoure ici de quatre producteurs, qui mettent en exergue et relient des pans différents de son identité musicale. Greg Kurstin (Adele, Maren Morris) injecte une dose de gravité, comme lui seul sait le faire, dans « Jaded », une ballade de rupture tranchante, mais qui ne manque pas de compassion. Récemment primé aux GRAMMY pour son travail sur Harry’s House de Harry Styles, Kid Harpoon pose sa patte sur tout l’album, et plus particulièrement sur l’imparable premier single, « Flowers », qui s’impose déjà comme le plus beau succès de Miley depuis « Wrecking Ball » en 2013. Tyler Johnson, un compatriote de Nashville, qui a travaillé avec Taylor Swift et Toni Braxton, harmonise subtilement son style confessionnel et chrétien avec l’identité de Miley. Enfin, Mike WiLL Made-It, qui travaille avec la star depuis longtemps, signe des morceaux clés comme « Thousand Miles », un duo avec Brandi Carlile, qui s’inspire de la country pour mieux la transcender. On le retrouve aussi sur le duo avec Sia, « Muddy Feet ». En plus d’explorer un son plus sombre et industriel, ce titre contient sans doute les paroles les plus mordantes de l’album : « You smell like perfume that I didn’t purchase [Tu sens comme un parfum que je n’ai pas acheté.] » De telles punchlines éveillent forcément la curiosité sur la vie personnelle de Miley. Après tout, elle n’a fait aucun effort pour cacher qu’une grande partie de l’album est inspirée par son divorce avec Liam Hemsworth. Et au final, sa musique contient plus de vérité et de crédibilité que les ragots propagés par les tabloïds. Toutefois, un album de Miley Cyrus contient toujours son lot de surprises. Le cinéaste indé culte Harmony Korine (Spring Breakers, Kids) figure aussi sur la liste des crédits. Il a écrit le vaporeux « Handstand », dans lequel il fait référence à l’une de ses peintures, « Big Twitchy ». L’alchimiste électro R&B, James Blake, signe un des moments forts de l’album : « Violet Chemistry » est un cousin spirituel et sonore du « Lavender Haze » de Taylor Swift. Enfin, la musicienne et compositrice country Caitlyn Smith, qui a co-écrit « High » sur Plastic Hearts, met son grain de sel sur « Island », un morceau groovy et discret sur la lame à double tranchant que constitue l’indépendance. En guise de clôture, Miley Cyrus propose une version démo de « Flowers ». Ce genre d’option fait habituellement office de remplissage, mais ici, il permet de comparer la chanson initiale et sa forme finale, pleine de vitalité et d’assurance, et d’apprécier le chemin parcouru par l’artiste. Et le contraste est tout simplement émouvant. La force durement acquise de la version studio est là, mais elle s’imprègne d’une tristesse originelle, brute et bien réelle, que Miley choisit de partager avec les auditeurs et les auditrices. Dans l’interprétation en studio, Miley sonne tellement sûre d’elle. Non seulement elle est sa propre compagne, mais elle préfère aussi sa propre entreprise. Sur la démo, en revanche, ses mots semblent moins assurés. Ils fonctionnent plus comme une boussole que comme une proclamation. C’est une feuille de route pleine d’espoir alors qu’elle erre encore sur les chemins du chagrin. Pour une artiste dont le talent musical est souvent éclipsé par ses provocations en dehors de la scène, cette invitation au cœur de son processus créatif est une merveilleuse idée pour clore son album le plus abouti à ce jour.

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